lundi 13 février 2012

Servir le non-rationnel



La Roue de la Fortune - Sir Edward Burne-Jones


Baba Yaga menaça:


- Il m'est impossible de te donner du feu tant que tu n'as pas travaillé pour moi. Si tu as accomplis ces tâches pour moi, tu auras le feu. Sinon...


Et Vassilissa vit les yeux de Baba Yaga se changer en braises rougeoyantes:


- sinon, mon enfant, tu mourras.*




Dans ce monde, il est commun d'entendre dire qu'il faut "travailler" pour vivre, qu'il faut "gagner" sa vie comme si la vie n'allait pas de soi. Comme si en naissant ici-bas, nous étions inévitablement en dette...


L'humanité est actuellement au service de la marâtre.
Bloquée à cette étape du conte, elle n'a aucune conscience de son potentiel divin, ni de la sorcière sauvage qui vit au coeur de la forêt. Elle se contente de rembourser sa dette infinie, de servir des forces involutives qui l'exploitent, utilisent sa force vitale jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'extinction du feu vivant. Travail, distraction, spiritualité, tout est bon pour continuer à être un esclave. Continuer à croire en ce monde fabriqué de toute pièce et auquel nous n'avons d'autre choix que d' adhérer. 


Ils ont réussi à nous faire croire que seule la raison est valable. Que tout est matière, chimie, fruit d'un hasard mathématique, et que l'homme n'a d'autre ascendance que le singe...  Mais pour que nous y croyons, il a fallu nous détourner de nous-même. La marâtre du conte vous parait bien cruelle? 
Pourtant, elle a au moins la qualité d'envoyer Vassilissa dans la forêt.

La marâtre que nous servons actuellement, ne veut surtout pas que nous allions à la rencontre de Baba Yaga. Elle alimente le feu avec notre propre vie. Et lorsque nous nous éteignons, elle nous remplace par notre descendance. Il suffit pour se convaincre d'aller visiter nos maisons de retraites...
Des vies consumées à servir le rationnel, la raison scientiste et le matérialisme.


Pour nous détourner de cette plongée en nous-même, quête initiatique mille fois racontée dans les contes les mythes et les textes sacrés, la marâtre utilise un stratagème imparable: absorber notre attention. 


Il y a deux ans environ, je suis tombée sur la chronique de David Servan Schreiber dans le magazine Psychologie qui évoquait le grand pouvoir de l'attention:



"Lorsque notre attention n'est pas occupée par une activité extérieure, nous avons presque tous instantanément des idées noires!
Du coup nous cherchons à avoir l'esprit toujours "occupé". Et nous lisons nos e-mails en parlant au téléphone, nous regardons la télé en dînant, nous écoutons la radio en donnant un bain aux enfants, etc.
L'autre découverte de cette recherche, c'est que nous ne tirons du plaisir, de vrai plaisir, que lorsque notre attention est complètement investie dans une seule chose: une conversation, la confection d'un bon repas, un film qui nous fascine. Uniquement, donc lorsque nous ne divisons pas notre attention entre plusieurs tâches.
Cette attention, c'est de l'énergie pure! Elle transforme ce qu'elle touche. Les animaux et les enfants le savent souvent mieux que nous. Plus encore que de la nourriture, de la chaleur ou de l'argent, c'est de l'attention qu'ils cherchent lorsqu'ils viennent vers nous. Et ils s'y prélassent comme dans un rayon de soleil. Pareil pour l'amour passion des adultes: rien n'est plus fort que de se regarder interminablement dans les yeux...
La meilleure preuve que notre attention vaut très cher, c'est l'argent que dépensent les publicitaires ou les chaînes de télévision pour l'attirer vers elles: "Regardez-moi! Regardez-moi!" semblent-ils tous crier... Pourtant, nous ne sommes jamais assez conscient de cette richesse que nous possédons."

A l'époque, je ne m'étais pas rendu compte de la portée de cet article. Certes notre attention est précieuse mais "pourquoi" est-elle autant détournée?


La marâtre se nourrit de notre attention, cette énergie pure que nous gaspillons jusqu'à l'extinction du feu. Nous ne lui servons qu'à ça; et si nous ouvrons suffisamment les yeux, nous nous rendons compte que TOUT ce qui nous attire à l'extérieur de nous même, toute ce qui nous absorbe, est destiné à servir la marâtre. Comme dans le conte, ni la marâtre ni ses filles ne sont aptes à ramener le feu. Elles ont donc inévitablement besoin de nous. 


Mais pour que nous acceptions de les servir, de nous laisser ainsi vider jusqu'à la moelle, rien de plus efficace que la culpabilisation. Nous devons nous sentir perpétuellement en dette...


Baba Yaga semble menaçante pour un regard mal exercé à voir dans ses propres ténèbres. Habitué à regarder avec les yeux de la marâtre, nous ne savons plus discerner ce qui est bon pour nous de ce qui ne l'est pas. En réalité, la vieille sorcière est notre issue de secours. Quand elle dit à Vassilissa qu'elle risque de mourir si elle n'effectue pas le travail demandé, ce n'est pas forcément une menace. Elle lui déballe une réalité. A prendre ou à laisser.


Servir le non-rationnel, c'est à dire descendre dans nos profondeurs à la recherche de ce germe divin dont nous sommes tous porteur, demande un véritable retournement sur soi, une inversion de valeurs qui nous ont été inculquées jusque là. Au premier abord, cela n'est guère facile, d'autant plus que les effets ne se font pas sentir dans l'immédiat. Ce genre de travail demande du temps, de l'expérience, de la sagesse. Il faut se laisser patiner, user, éroder par la vie et la mort. Et faire preuve d'humilité, se contenter de peu. Ne pas demander quoique ce soit en échange. 


Ce que Vassilissa est venu chercher de l'autre côté de la forêt est bien plus précieux que toutes les richesses que peut offrir le monde extérieur. Aussi la Yaga la met à l'épreuve, mesure son endurance à supporter tant de labeur et si peu en retour...


Baba Yaga alla dans son antre en grommelant. Elle s'allongea sur son lit et demanda à Vassilissa de lui apporter ce qui mijotait dans le four. Dans le four, il y avait assez pour nourrir dix personnes et la yaga mangea tout, ne laissant à Vassilissa qu'une minuscule croûte et un dé à coudre de potage.*


Ce genre de mise à l'épreuve se rencontre chaque fois que nous décidons de tourner le dos aux anciennes  valeurs et de nous consacrer à la Voie. De telles difficultés se rencontrent au début de toute initiation, que ce soit lors d'une pratique spirituelle (méditation) ou l'apprentissage d'un art. Nous devons faire preuve de patience et d'humilité. 


Dans cette video, Jean-Luc Leguay enlumineur présente son ouvrage consacré à la légende de Perceval (dont le sens initiatique est proche du conte de la belle Vassilissa) et raconte comment il décida de consacrer sa vie à cet art spirituel. Servir le non-rationnel est ce qui donne tout son sens à la vie. C'est ce qui permet de rallumer le feu intérieur et transmettre cette verticalité vivante aux générations futures...plutôt qu'un monde en voie d'extinction.






* Extraits de la version du conte la belle Vassilissa de Clarissa Pinkola Estés dans Femmes qui courent avec les loups

12 commentaires:

  1. Très, très bel article, Nout...je te suis de A à Z dans tout ce que tu dis !
    Nous avons perdu le "feu" et c'est une situation à la fois personnelle et collective...tout est devenu "froid"...
    Notre monde est tellement matérialiste, rationnel et désenchanté que la solution est du côté du "non-rationnel"...
    Attention, cependant...il faut se souvenir qu'il y eut des époques où l'excès était inverse et où c'était un excès de "non-rationnel" qui en traînait le déséquilibre du monde et de la société.
    Tout est dans l'équilibre "entre les deux", la raison n'est pas non plus à "jeter aux oubliettes", elle a ses qualités...ne pas rester non plus éternellement chez Baba Yaga...
    Et d'ailleurs, une fois qu'elle a le feu, Vassilissa rentre "chez elle"...elle le ramène, elle "sort de la forêt"...
    J'ai fait une fois un rêve, dans lequel on me disait que la "solution" (c'était un exercice de maths!) était dans l'alternance entre le "dessus" et le "dessous"...plonger dans l'inconscient, dans le non-rationnel...mais remonter régulièrement à la surface aussi ! ;-)

    En cela, le travail difficile et régulier est très bon : il nous "remet les pieds sur terre" ! Humilité et patience : comme cet enlumineur !
    Faire un travail "subtil" demande aussi des qualités très "terre à terre"...pour concrétiser les "visions" et l'inspiration...

    D'ailleurs je crois que la fin du conte (confection des chemises) va dans ce sens ! :-)

    La Licorne

    P-S: Ce que tu dis de l'"attention" est très juste : l'attention , c'est de l'énergie, et certains s'en "nourrissent" à nos dépens...

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    1. Bonjour Licorne,

      [Attention, cependant...il faut se souvenir qu'il y eut des époques où l'excès était inverse et où c'était un excès de "non-rationnel" qui en traînait le déséquilibre du monde et de la société.
      Tout est dans l'équilibre "entre les deux", la raison n'est pas non plus à "jeter aux oubliettes", elle a ses qualités...ne pas rester non plus éternellement chez Baba Yaga...
      Et d'ailleurs, une fois qu'elle a le feu, Vassilissa rentre "chez elle"...elle le ramène, elle "sort de la forêt"...]

      C'est ce que j'ai souligné dans un article précédent: Baba Yaga pousse même Vassilissa à partir, à ne pas s'attarder. Elle sait que l'évolution se fait par cycles (voir nos discussions antérieures). Il faut remonter le feu en surface, c'est un mouvement très important...

      C'est le mouvement du Christ qui s'incarne...

      Avant cette période du masculin négatif (ce rationalisme catrateur), nous avons bien sûr eu droit à son contraire. Pourquoi?

      Imaginons qu'avant la "chute" (qui se situe ontologiquement mais aussi selon une intuition personnelle historiquement) l'être vivait tel qu'on l'imagine en Eden, en harmonie avec l'univers, dans un certain équilibre. L'être humain étant un être divin avant tout et non un animal évolué...
      Pour le détourner de sa souveraineté, on ne pouvait pas dans l'immédiat faire appel au rationnel car cela aurait fait une rupture bien trop soudaine.

      Je crois qu'il a fallu user de ruse; amener l'état d'exil, l'oubli de sa nature divine en inversant ses énergies...L'histoire de l'Atlantide qui ressemble à un film de science fiction, ne dit-elle pas que la chute de l'homme s'est produit quand ses pouvoirs ont été utilisé pour contrôler la matière (et donc les autres)- ce que tu me disais justement sur le pouvoir des mains dans le conte :) - La "magie" s'est lentement infiltré dans les esprits telle un serpent. Des "rituels" sont apparus, des dieux "extérieurs" à adorer, privant l'Homme Adamique de son unité le dispersant hors de lui-même (en légions)...puis une fois que l'être s'est vraiment perdu au point d'oublier qui il est, le rationnel a en quelque sorte tiré le verrou...pour éviter tout retour.

      [Faire un travail "subtil" demande aussi des qualités très "terre à terre"...pour concrétiser les "visions" et l'inspiration...]

      En effet, c'est une qualité incontournable. Pour éviter aussi certains pièges car dans le domaine "subtil" le danger est bien plus grand que dans le monde matériel. Les conséquences ne sont pas du tout comparables...
      Si le corps meurt, cela n'est qu'un passage mais si c'est l'âme qui meurt...

      [ Ce que tu dis de l'"attention" est très juste : l'attention , c'est de l'énergie, et certains s'en "nourrissent" à nos dépens...]

      Oui c'est une clé!

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  2. Ton article et tes mots sonnent tellement justes à mon cœur ! Depuis que j'ai accepté la présence vivante en moi du non-rationnel que tu évoques et que je m'attache chaque jour à en faire vivre la flamme, bien des choses dans ma vie ont trouvé naturellement leur sens, pour ne pas dire que j'y ai trouvé Le sens de mon existence. Il est encore douloureux d'évoluer dans ce monde qui nous sert l'infâme soupe du vouloir, de l'avoir et du paraître, mais j'ai bon espoir de voir les choses évoluer ... un peu ;). Puisse le mouvement d'amour de la Roue nous faire sortir de nos schémas répétitifs pour revenir au centre de Soi !

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    1. Oui chère Tempérance, servir le non-rationnel c'est retrouver sa vérité. C'est aussi découvrir que nous pouvons nous suffire à nous-même. Nous sortons de toute dépendance et en cela c'est une libération...une grâce. Que Dieu nous accompagne dans cette tâche!

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  3. "Avant cette période du masculin négatif (ce rationalisme castrateur), nous avons bien sûr eu droit à son contraire. Pourquoi?

    Imaginons qu'avant la "chute" (qui se situe ontologiquement mais aussi selon une intuition personnelle historiquement) l'être vivait tel qu'on l'imagine en Eden, en harmonie avec l'univers, dans un certain équilibre. L'être humain étant un être divin avant tout et non un animal évolué...
    Pour le détourner de sa souveraineté, on ne pouvait pas dans l'immédiat faire appel au rationnel car cela aurait fait une rupture bien trop soudaine.

    Je crois qu'il a fallu user de ruse; amener l'état d'exil, l'oubli de sa nature divine en inversant ses énergies...L'histoire de l'Atlantide qui ressemble à un film de science fiction, ne dit-elle pas que la chute de l'homme s'est produit quand ses pouvoirs ont été utilisé pour contrôler la matière (et donc les autres)- ce que tu me disais justement sur le pouvoir des mains dans le conte :) - La "magie" s'est lentement infiltré dans les esprits telle un serpent. Des "rituels" sont apparus, des dieux "extérieurs" à adorer, privant l'Homme Adamique de son unité le dispersant hors de lui-même (en légions)...puis une fois que l'être s'est vraiment perdu au point d'oublier qui il est, le rationnel a en quelque sorte tiré le verrou...pour éviter tout retour."


    Oui, c'est ça...et il faut bien comprendre que l'histoire de la fin de l'Atlantide est en train de se répéter...en ce moment même.
    La froideur du rationnel et la soif de "pouvoir" sur les choses et sur les êtres sont en train de faire basculer notre monde vers l'irréparable...sauf si nous arrivons à retrouver le "feu de l'amour", seul antidote contre cela...

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  4. Je crois que c'est une histoire qui se "joue"...à l'intérieur de nous.

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  5. Bonjour,

    Sur le site "éveil et philosophie", il était question dimanche du dernier livre de Jean Bouchart d'Orval "à l'ombre du sphinx". Selon cet auteur, l'humanité a perdu ses éléments fondamentaux de l'art de vivre depuis qu'elle s'est enfermée dans la pensée rationnelle avec les philosophes de la Grèce classique.

    Je me demandais à cette occasion si cette "bifurcation historique" n'était pas une entrée dans l’hémisphère gauche du cerveau comme l'effondrement formé par le rift est-africain pouvait-être l'entrée dans l’hémisphère droit.

    Suite à notre parcours complet du cerveau droit, avec les excès que cela a pu entraîné, puis le parcours complet du cerveau gauche, dont nous constatons aujourd'hui les limites, peut-être entrons nous enfin dans l'ère de l'équilibre.

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  6. Bonjour Kevin,

    Jean Bouchart d'Orval présente la civilisation égyptienne antique avec beaucoup de ferveur. Il est vrai qu'elle a laissé des preuves d'un savoir très développé au niveau spirituel (disons-le "magique")qui était aussi le fait d'autres grandes civilisations (mésopotamiennes, perses, vallée de l'indus etc).

    Le problème est que je ne crois pas que les choses sur cette terre ce soient fait toute seules, que cette évolution lente vers la pensée rationnelle (c'est à dire l'éradication de "Dieu") soit le fait d'un "hasard" mais plutôt d'un plan parfaitement élaboré et transmis, et de ce depuis plusieurs millénaires.
    Je crois aussi que ce qui a amené la chute de ces anciennes civilisations, elles-même héritières d'un âge qu'on nous cache(alors qu'on nous dépeint toujours l'histoire partant d'un âge d'ignorance...) était la même force involutive qui nous amène aujourd'hui à foncer dans un mur.

    Etrangement, cette sagesse ancienne encore apparente dans les vestiges de l'Egypte qui était enseignée et transmise par un clergé est devenue à l'époque que vous citez (vers 500 avant JC) et en Grèce, un ésotérisme au sens étymologique du terme. Ce savoir est passé dans l'ombre et n'a plus été appris qu'au sein de sociétés secrètes et fermées.

    Aujourd'hui on assiste à une résurgence de ce savoir mais sous une forme extrêmement chaotique (à l'image de la force qui génère cela)et destructrice. Des choses qui ne peuvent être "lues" que par une âme en conscience sont délivrées au sus de tous. Et bien sûr très peu d'âmes sont en mesure de saisir ces connaissances.Elles sont donc utilisées à mauvais escient ou dénigrées par les gardiens du rationnel.

    Beaucoup de gens s'intéressent à l'Egypte antique pour retrouver ce savoir. Il y a une effervescence folle autour des pyramides, du sphinx qui sont la preuve d'une technologie qui nous dépasse (qui n'était pas issues des mêmes énergies "fossiles" contemporaines).

    Ce que ces gens ignorent aveuglés et manipulés par l'ego c'est que ce savoir est en chacun de nous et qu'il suffit de le réveiller...

    Ils répètent la vieille histoire du fruit de l'arbre de la connaissance qui ne se cueille pas à l'extérieur de soi (du Soi)mais doit germer en soi et nous devons en être le fruit...

    "Ne reconnait-on pas un arbre à ses fruits?"...

    L'équilibre est une loi incontournable de l'univers. Si ce monde ne la respecte pas, il en subira les conséquences. Mais ne nous attachons pas trop à ce monde; attachons-nous à faire fructifier ce qui est en nous en harmonie avec cet équilibre...

    Bien à vous,

    Nout

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  7. Le seul endroit où nous pouvons agir efficacement est en effet "en nous-même"...
    Et suivant le principe que "chaque âme qui s'élève élève le monde", cela se répercutera à l'extérieur...

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  8. Bonjour Nout,

    Je me pose une question sur les écrits d'Annick de Souzenelle, peut-être aurais tu une réponse à m'apporter.

    Je comprends bien qu'elle entend par accomplissement la croissance de notre fruit intérieur mais comment savoir où en est cet accomplissement et à quoi il se destine ? Comment Jésus a-t-il su que "tout est accompli" ? A ton avis, qu'a-t-il voulu dire par là ?

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  9. Bonjour Kevin,

    la réponse sera à la mesure de ma croissance :)!

    Où en est cet accomplissement? et "tout est accompli" c'est une question très pertinente je crois car il y a là une notion de temporalité et d'éternité qui cohabitent là...

    Il faut alors se poser simplement la question: qu'est-ce vivre?

    Est-ce rester dans la temporalité exclusivement , dans une dualité permanente avec la division intérieure et la souffrance que cela génère? Est-ce s'identifier à ce qui doit mourir? l'impermanence? Annick de Souzenelle nomme cela la "situation d'exil", c'est à dire l'oubli de soi...

    ou bien est-ce trouver en soi un espace hors du temps (qui est soi ou le "tout est accompli") qui va justement "nourrir" notre être temporel, le sortir de ses limitations duelles pour l'ouvrir à l'infinité des possibles?

    Il y a inévitablement une interaction entre ces deux aspects de la vie qui sont à relier, à harmoniser. En gardant à l'esprit que le soi (le présent éternel des textes sacrés, des mythes et des rêves) est la racine nourricère du moi temporel et non le contraire. Il lui est supérieur mais dans une relation de bienveillance (un peu à l'image de la Trinité le père et le Fils et la Saint-esprit qui relie, reconnecte les deux). Le Fils incarné par le Christ serait le petit moi relié au Père, au divin éternel, reconnecté au Soi puis progressivement (dans la temporalité) redevenant Lui. Le petit moi a donc bien un rôle à jouer: celui d'aller chercher ce Fils en lui-même et non dans les illusions du monde extérieur...

    Reconnaître cet accomplissement c'est sentir au fond de soi une Joie que rien d'extérieur ne peut troubler, qui est totalement libre de tout ce qui survient. Une Joie issue de l'Être de soi et non d'un objet autre.

    Il arrive que cette Joie survienne puis reparte; elle est là bien sûr mais on a du mal à y revenir. Il nous faut alors replonger en soi et distinguer l'illusion qui nous en sépare encore.

    Rien est accompli et tout reste à accomplir... c'est une paradoxe divin.

    Bien à toi!

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  10. Merci beaucoup Nout,

    J’interprétais "tout est accompli" uniquement en terme de temps alors qu'il signifie en effet aussi "tout est toujours accompli".

    Magnifique, plus de soucis à se faire. Tout a toujours été et sera toujours. :)

    Encore merci

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