J. B.: Vous pensez qu’on peut cheminer seul dans l’Occident actuel, tel qu’il est ?
S.: Il n’y a pas besoin de rencontrer un maître ni qui que ce soit. Il n’y a qu’à promener dans sa vie son besoin d’être, son feu d’être. Ce besoin, c’est le gourou en personne, c’est le Divin au fond de soi, c’est la Lumière même au fond de soi-même. Qu’a-t-on besoin d’aller écouter la bonne parole de celui-ci ou de celui-là ? Si l’on a l’occasion de rencontrer des êtres ou des livres qui ont une puissance, une réalité pour nous, qui nous ouvrent une fenêtre un moment, c’est parfait. Mais pourquoi s’arrêter éternellement à une fenêtre particulière, à un homme particulier ? Ces êtres et ces livres sont simplement des prétextes pour déclencher en nous le besoin, l’aspiration vers le Réel. Mais si le feu n’est pas allumé dedans, vous pouvez y déverser des tonnes de bonne parole, ça ne servira à rien. Vous pouvez amener des kilomètres de Christ, ça ne vous changera pas un homme. Il faut que quelque chose, dedans, ait besoin. Si la fleur pousse et s’épanouit, c’est qu’elle cherche le soleil ; c’est aussi simple que ça. Si l’on cherche des billets de banque ou de la philosophie, on aura des billets de banque ou de la philosophie, et c’est tout. Mais si l’on a réellement besoin d’être, au milieu de cette marée gluante de conscience obscurcie, alors quelque chose s’allume dedans, et ça, c’est le Chemin.
...
J.B.: Le rôle de la psychologie, celle de Jung dernière manière, qui s’est intéressé à l’alchimie et au taoïsme, se développe en Occident. Jung aussi parle de cette descente dans la matière.
S.: Tout ça, ce sont des approches, n’est-ce pas. Généralement, la psychanalyse est assez obscure. Elle veut descendre dans les profondeurs sans avoir la lumière qu’il faut. Plus on descend dans les abîmes, plus il faut une puissante lumière ; et la lumière de la pensée, c’est une petite torche vacillante ! Le feu du besoin est la seule force, le seul phare qui transperce les ténèbres… Ce qui est là à chaque minute, au-dessous de ces philosophies, de ces politiques, de ces psychologies, ce qui vit en vous, quand vous montez un escalier, quand vous écrivez un poème, quand vous parlez ou ne parlez pas… c’est ça le Chemin, c’est d’être. Pas seulement être en méditation, les jambes croisées, dans sa chambre, mais être à chaque minute : une intensité de besoin, quelque chose qui ne se formule pas, mais qui est comme une base, un roc secret sur lequel on repose.
TEMOIGNAGE DE SATPREM (secrétaire et disciple de Mère, compagne spirituelle de Sri Aurobindo) RECUEILLI PAR JEAN BIES.
En photo: Mère, Sri Aurobindo et Satprem
A lire dans son intégralité sur le blog de la revue 3e millénaire.
Devenir soi-même est la seule chose à faire; mais le vrai soi-même est celui qui est au-dedans de nous, et dépasser notre moi extérieur corporel, vital et mental est la condition pour que cet être le plus haut, qui est notre être véritable et divin, se révèle lui-même et devienne actif. C'est seulement en grandissant au-dedans et en vivant au-dedans que nous pouvons le trouver; une fois que cela est fait, le but final que la force de la Nature nous propose, c'est de créer, depuis là, un mental, une vie et un corps spirituels ou divins et à l'aide de ces instruments, d'arriver à la création d'un monde qui soit le vrai milieu d'une existence divine. La première nécessité est donc que l'individu - chaque individu - découvre l'Esprit, la Réalité divine qui est en lui et qu'il l'exprime dans tout son être et toute son existence.
La Vie Divine par Sri Aurobindo reccueilli sur le blog La vie divine
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