mercredi 22 décembre 2010

Marie-Madeleine

Peche


  
Je vais venir ma belle

En haut des monts pelés
Je gravirai la roche et le flanc de l’azur
Pour toi
Divine
Ton essence enclose au cœur du roc
Je viendrai boire à la source
Ton sang pur à la source
Je viendrai ma douce
Te boire à fleur de pierre
La nuit embaume
O ma sainte débauchée
J’entends déjà le vent dans la forêt
Ruisselante
Ton âme répandue comme un baume
Onguent de femme fleur
Cueillie sur une mer d’exil
Femme d’embrun
O Marie
Te souviens-tu de l’homme flamme
Croisé dans un jardin
Un matin de miracle
Raconte-moi sa main
Par ta lèvre effleurée
Ta lèvre purpurine
Mille fois déflorée
Le parfum ruisselant
De tes cheveux défaits
La myrrhe et l’oliban
Répandus à ses pieds
La lumière dans ses yeux
Dis-moi
A-t-il mêlé ses doigts à tes cheveux d’or feu
As-tu mordu sa chair dans une faim mystique
Murmuré dans son souffle
Recueilli dans tes mains le nectar de ses plaies
Dis-moi
As-tu senti son corps
Encerclé par tes bras
Ce désir obsédant
Ce désir d’absolu figé dans la poussière
Devenir fièvre
Et incendier l’éther
Chevaucher le membre sidéral de tous les univers
Serrer la lumière entre tes cuisses d’ambre
Pour transcender la chair
Et redevenir cendre
Revenir à la terre
Et son amour halluciné
Ample
Ses ailes déployées
Sur ton cœur écarlate
O belle délurée
Tes voiles déchirés par la rumeur hurlante
Ce troupeau inhumain au berger crucifié
Toi qui connut la soie et l’or des bracelets
Toi l’intouchable
Pour lui
Pour l’homme illuminé
Pour cueillir à ses pieds
L’infini
Le cercle
Et le silence enfin
Le silence et le vent
Dans tes cheveux libres
Loin
Le bruit de l’eau brisée sur la roche fertile
Tant de crachats de griffes de fiel de honte tatouée
De l’or piétiné dans la fureur aveugle
L’homme a mille fois maudit la femme qu’il laboure
Mille fois lacéré le ventre qui l’a fait
Des millénaires d’opprobre pour celle qui enfante
Des millénaires de fils élevés dans l’amer
Ceux qui t’ont lapidée
Ont survécu au cri poussé dans le calvaire
Et leur semence a fait moisir le bois
Qui portait l’agonie
Ceux qui ont jeté la pierre ont mille fois péché
Seul un Dieu
Pour sanctifier la délurée
Seul un Dieu né d’une vierge
Pour la prostituée
Qui d’autre que l’Oint
Pour ne pas redouter la béance des femmes ?
Je viendrai
Un aller sans retour
M’étendre sur le pierre
Humer l’essence minérale
De ton rêve infiltré dans les veines du monde
Et voir tous les matins
Le ciel se fendre en deux
Au sommet de la Sainte
Et voir dans la lumière
Échevelée
Danser parmi les anges
Myriam de Magdala

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