lundi 3 janvier 2011

Rouge (3)



La dame en rouge - William turner
Le rouge attire l'attention, la détourne et l'absorbe. Cette attention si précieuse,  se trouve déviée vers l'extérieur, vers un monde où l'apparence est idolâtrée et la spiritualité ridiculisée, marchandée, voire niée. Le rouge est une des couleurs les plus utilisées par les marionnettistes de ce monde (publicités, marketing, médias). Elle est en cela la couleur de l'orgueil, du matérialisme et du despotisme (couleur pourpre des empereurs romains). Quand le rouge attise uniquement l'amour de la matière, il devient un piège, il devient hémorragie. L'être peu à peu se vide de sa substance et meurt d'inanition. La matière n'est en rien une nourriture pour l'âme; ce qui nourrit est ce qui nous relie à notre véritable nature d'être profondément spirituels. L'âme encordée au noyau de son être...
Le vampire par Edvard Munch
Dans la Genèse, la Isha d'Adam, traduite communément par l'épouse, n'est autre que ce féminin intérieur (féminin de l'être) porteur du germe divin. La racine du mot Adam dérive du mot rouge et du mot terre,« être rouge,rougeoyer, rutiler, étinceler » (voir à ce sujet Adam le rougeâtre)Adam est la terre riche en minerai prête pour la forge. La Isha signifiant "la" feu, elle est l'élément indispensable pour forger l'être, le rendre à l'image de Dieu. Ainsi, relié à l'essence divine, le rouge devient fertile et dresse une Humanité verticale comme la flamme vers le Ciel. Non pas dans l'orgueil stérile de posséder la matière incertaine mais celui de sa racine divine. L'être humain est noble de Dieu.
Dans cette flamme fière de l'Adam en devenir, on retrouve le sens de la révolte. Le drapeau révolutionnaire n'est-il pas rouge? Mais attention, la révolte doit prendre source dans les fondations de l'être, dans le creuset de ses convictions, de ses idées les plus hautes et non pas dans la révolte de l'orgueil ou de l'égo comme le démontre bien l'histoire de Satan et du serpent.
Se révolter contre la vie, c'est se révolter contre soi, se diviser intérieurement; c'est ouvrir une brèche à la souffrance. Se révolter pour la liberté (voir Rouge 3) c'est réclamer son droit originel au libre-arbitre. Mais le libre-arbitre, est-ce devoir choisir entre deux chemin dont on ignore tout, ou entre deux concepts antagonistes (le bien et le mal)?
Pandore- Lefebvre
Dans la Genèse, les deux côté de l'arbre de la Connaissance s'appellent bien ou mal. Mais l'être spirituel sait que la morale humaine est bien superficielle par rapport à la sagesse enseignée dans les textes sacrés. Le bien et le mal peuvent être traduits par la lumière et les ténèbres. Seul celui qui connait, qui a fait lumière, peut avancer, c'est à dire user de son libre-arbitre. Plus l'homme marche dans les ténèbres, moins il est libre. C'est en cela que la connaissance est le seul chemin qui mène vers la véritable liberté. La connaissance de son essence, de sa nature...connais-toi toi même et tu connaitra l'univers et les dieux (Socrate).
La maturité de l'être qui permet de faire les bon choix, de se révolter pour les bonnes causes, s'acquiert par la connaissance de soi. En cela, le temps est un allié et non un ennemi. Seul le temps permet au printemps d'éclore, aux blés de mûrir, et à l'enfant de grandir. La patience est donc une vertu à cultiver; la patience d'habiter réellement le temps qui passe, de se donner le temps, de s'offrir une ouverture au sein de la vie qui nous porte sans que nous ayons à le lui demander.
Eve-Hans Memling
En croquant une simple pomme, on peut assouvir sa faim physiologique ou bien rendre grâce à tous ces millénaires déployés pour qu'une simple pomme, unique, arrive à notre bouche tout aussi unique. Une rencontre, au cœur d'un instant qui ne reviendra pas. C'est le miracle qui se donne à chaque instant. Le miracle du rouge...Rouge comme le cœur, comme l'amour. C'est ainsi qu’Ève aurait du pleinement croquer la Pomme, en toute conscience, c'est à dire en rendant grâce.
Je vais conclure cette série sur le rouge par une sorte de koan à méditer:
Être libre c'est finalement se soumettre à Dieu.

Sources: Le féminin de l'être d'Annick de Souzenelle, Adam le rougeâtre

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