lundi 13 juin 2011

Le mythe de Pandore II

Que nous révèle Pandore en ouvrant la boîte?

Dans ce mythe, Zeus est la source divine qui envoie sur terre, parmi les hommes, celle qui a tous les dons. On peut faire le parallèle de la jarre avec l'arbre de la connaissance dont Eve mord le fruit.
La boîte contient le don divin, la Connaissance, et n'oublions pas à qui la destine Zeus: à Prométhée le prévoyant, c'est à dire l'homme conscient. Mais Prométhée est "absent". L'homme inconscient apparaît dans le mythe sous les traits d'Epyméthée; coupé de lui-même, enlisé dans la seule perception du monde matériel, l'homme devient un exilé.

Pandore ouvre la boîte des énergies divines et libère la Connaissance non maîtrisée, qui alors répand le chaos et la démesure.  Dans le conte de Barbe-Bleue, l'épouse découvre en ouvrant la chambre interdite la vérité occulte de sa propre psyché, le résultat déplorable d'une vie inconsciente. 

La véritable Connaissance ne passe pas par l'intellect mais puise sa source dans les racines même de l'être qui se fait désir de lui-même. Le germe divin en soi est destiné à grandir, nourri par l'attention et la contemplation. Etre conscient, c'est se connaître, c'est devenir vacuité, regard béant. L'être est destiné à devenir cet arbre de la Connaissance et non à en manger le fruit avant l'heure. Le temps est un élément essentiel que néglige Pandore en cédant à sa curiosité. 

Tel Thésée courant occire le Minotaure, son germe divin endormi, perdu dans le Dédale des pulsions, impatient d'accomplir par la force ce qui se fait dans l'amour... 

Que reste-t-il dans la boîte de Pandore? 
L'espérance...c'est à dire le lien délicat, semblable au fil d'Ariane guidant Thésée jusqu'au centre de lui-même, fil de Soi qui nous relie à la source. L'espérance qu'avec le temps, ouvrant peu à peu les ailes de la conscience, nous puissions revenir à l'Être et abandonner les miroirs déformants de l'avoir.
Il faut pour cela passer par la mort, comme dans le conte de Barbe-bleue, nous devons mourir mille fois avant de commencer vraiment à naître, à n'être seulement...

Dans la suite du mythe de Pandore, Prométhée le conscient, réalise son erreur et se laisse enchaîner par Héphaïstos sur une pierre au sommet du Caucase. Chaque matin un aigle vient le visiter et mange son foie qui réapparaît quand revient le soir. Il sera sauvé au bout de mille ans par le sacrifice de Chiron le Centaure qui, lassé de l'immortalité accepte de mourir à sa place, mort qui symbolise celle de l'homme animal ayant intégré toutes ses énergies pour laisser place à l'homme complet, celui qui maîtrise ce qu'il est...


Ensuite vient le déluge...


Source: La symbolique du corps - Annick de Souzenelle

Illustration : "Pandore", de Jules-Joseph Lefebvre, 1882



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