Continuons ensemble à suivre le fil d'Ariane...
"Le mythe (du grec muthos: fable) rend compte d'une réalité supérieure intransmissible à notre mental banal sans un truchement", dit Annick de Souzenelle dans son incontournable ouvrage "la symbolique du corps humain". Je ne sais pourquoi mais en entendant muthos, j'entends muter...
Le mythe que ce soit sous la forme du rêve nocturne, du conte ou plus élaboré le mythe religieux, est un langage ontologique c'est à dire un langage proprement intérieure de soi à Soi, si j'ose dire, qui ne passe pas par le biais "limitant" de l'intellect. Le langage du mythe est celui de notre part libre, celle que les psychologues nomment l'inconscient, cette part sauvage, terre de tous les possibles, dont l'éveil semble être le dévoilement total.
Les mythes s'élaborent autour d'archétypes (concept créé par Platon et repris par Jung- mot d'origine grecque signifiant "modèles primitifs") et de symboles (mot grec qui signifie "joindre", "réunir").
Il semble qu’il existe, outre l’inconscient purement personnel supposé par Freud, un niveau inconscient plus profond. Ce dernier se manifeste par des images archaïques et universelles qui se manifestent dans les rêves, les croyances religieuses, les mythes et les contes. En tant qu’expérience psychique spontanée, les archétypes apparaissent parfois sous leurs formes les plus primitives et les plus naïves (dans les rêves), parfois aussi sous une forme beaucoup plus complexe due à une élaboration consciente (dans les mythes). Les images archétypiques des dogmes religieux en particulier sont entièrement élaborées en structures formelles qui, tout en exprimant de façon détournée l’inconscient, évitent une confrontation directe avec lui.
Les racines de la conscience - C.G.Jung
Le mythe parle donc un langage intime que nous ne pouvons décoder qu'à travers le filtre de ce que nous sommes. De plus, comme par magie, le mythe ne nous dévoile que ce que nous sommes aptes à entendre. Il se situe hors du temps, dans un lieu que certains mystiques soufis comme Sohrawardî nomment le Non-où, un ailleurs mystérieux qui est bien plus proche qu'on ne pourrait le croire...
C'est sans doute de cet ailleurs dont parle le physicien Régis Dutheil lors d'une expérience sur l'électron:
"L'Ailleurs pouvait exister, il était théoriquement plein de tachyons, et nous l'avions dénichés à l'intérieur de l'électron! Il se cachait bien , comme prévu, de l'autre côté de l'univers, mais, tel un double invisible, cet autre côté se trouvait au plus profond de la matière, dans sa doublure, à l'intérieur de chaque particule dont nous étions faits et que nous avions sous les yeux."
Cet Ailleurs est donc ici, dans la présence même de l'être, vivant au sein de la matière. Il s'apparente sans doute à ce Vide de la physique quantique qui semble avoir beaucoup de choses à nous dire.
Il n'est nullement difficile de faire l’exégèse d'un conte ou d'un rêve; il suffit de se laisser porter, d'être attentif à ce qui vient. C'est un art qui s'affine avec la pratique et que je conseille car il permet d'accéder à une certaine connaissance de soi. Et comme il était écrit sur le fronton du temple de Delphes: "Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux", devise très justement reprise par Socrate.
Mais voilà, comme l'a proclamé Jung: "l'occident a perdu ses mythes".
Les mythes sont là, notre patrimoine sacré est immense, mais nous ne savons pas le déchiffrer, nous n'avons jamais vraiment vécu son langage, ou plus exactement nous avons rabaissé son langage au niveau de notre vécu banal au lieu de nous laisser porter par lui aux nouveaux plans de conscience auxquels il nous invite. Ce faisant, le ressentant infantile, nous l'avons éliminé de nos matériaux scientifiques. Et nous en sommes au point où, la science s'imposant à nous comme seul juste et sécurisant cadre de référence, nous avons éliminé le langage du mythe du coeur même de notre vie.
Dénutris, assoiffés, ou bien nous courons vers les pays encore capables de nous donner cette nourriture, ce langage, ou bien nous restons inanimés aux pieds de nos propres richesses, incapables de les reconnaître, offerts à toutes les maladies mentales qui ne sont que rachitisme spirituel.
A. de Souzenelle
Aujourd'hui, il est fréquent d'entendre appelées "mythes" les vies plus ou moins ratées de personnes célèbres. Stars, "étoiles" de pacotilles, parfois même appelées "icônes" (synonyme d'archétype) agitées devant nos yeux blasés comme des palliatifs à notre effroyable exil. Souvent dramatiquement disparues, ces personnages du firmament matérialiste n'offrent, à défaut de la moindre morale la plus sommaire, le spectacle affligeant d'une humanité décadente, en perte de tous ses repères, de ses grands Archétypes, seuls guides aptes à nous guider dans le labyrinthe alambiqué du monde de l'Avoir et des apparences.
A l'aide je sens la vie
S'approcher
Quand moi je ne veux que mourir(Marilyn Monroe, 1958)
Coupé de lui-même, l'être humain vidé de toute substance s’apparente bien à cette poussière dont parle la bible: Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière...
Illustrations: 1- J.W.Waterhouse, Ariadne /2-Jean Cousin, Eva Prima Pandora/ 3-Pandore, D.G.Rosetti
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