La Gauche divine est présidée par la séphirah Binah, Intelligence, révélée sous le nom de "Mère divine". Elle éclaire la Colonne de Rigueur, nom de la séphirah Din, qui est aussi Gebourah, la Force.
Elle correspond au niveau du corps humain à la gauche ontologique et féminine; au niveau de l'Arbre de la Connaissance, au côté Ra, côté non encore lumière, côté ténèbre.
C'est au creux maximal de la Ténèbre qu'est le noyeu énergétique, le NOM qui participe de Yaveh et qui est symbolisé par la lettre Yod'. Chacun de nos cieux intérieurs est, au niveau énergétique qui lui est propre, participation au NOM et fait de lui à ce degré précis, rigoureux.
Le féminin est en chacun de nous, en l'Homme, la Force rigoureuse faite de tel degré de participation au NOM; la force féminine est réceptive à la pénétration mâle et en attente de cette pénétration.
Détentrice du NOM, elle est donc et Force et Connaissance totale. Elle est Intelligence Binah, celle qui, pénétrée, va "construire" (Banoh) le "fils"(Ben) qui est la dimension du Yod' de Yaveh.
L'intelligence n'est en profondeur qu'ouverture amoureuse distribuant les énergies de Yaveh au fur et à mesure que celui qui, participant de la sagesse divine, se sachant faible et ignorant, pénètre ses cieux intérieurs.
Tel est l'ordre ontologique.
(Annick de Souzenelle - Le symbolisme du corps humain)
Ce côté femelle contenant le NOM caché, le Soi, semble détenir la même force d'attraction qu'un trou noir, en sachant que le mot femme en hébreu peut aussi se lire trou...
Je suis noire mais je suis belle, fille de Jérusalem...
Ne prenez pas garde à mon teint noir (ténèbres), c'est le soleil qui m'a brûlée...
Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour avant qu'elle ne le veuille.
Ce trou noir, désirant, que nous portons en nous, contient le centre de l'être, le creuset même de toute création ou transmutation. Ce féminin non réalisé est au départ ténèbres languissantes; il appelle l'être à se trouver lui-même à retrouver son noyau (moyeu) divin.
Par essence, le féminin est passif. Il est la princesse endormie du conte au coeur d'une forêt de ronce. Cette forêt sombre et noire des profondeurs inconscientes, destinée à être défrichée, pénétrée puis dépassée. Le féminin est l'attente infinie, la racine et la fleur de toute les conquêtes de l'homme assoiffé de lui-même. Il est soit terre d'exil, terre en friche, désertique et sans fin, soit terre promise fleurissante, accueillante et fertile. Tout dépend du mâle...
Tout dépend du prince ou de l'amant...
Le féminin non réalisé doit être pénétré par la blessure ardente, porte initiatique de l'être, que symbolise le sexe féminin. Il faut passer cette porte tant redoutée, affronter l'épreuve vaillamment mais pour cela le mâle doit guérir...
J'aime également ce que dit Marie-Louise von Franz de la relation de l'homme avec le féminin en lui et avec les femmes. Passage extrait de "La voie des rêves", Éditions La Fontaine de Pierre - Quatrième partie, XI Terrasser le dragon :
RépondreSupprimer" Fraser Boa – On a dit que, dans notre société, la femme qui a le plus besoin d'être libérée est celle qui se trouve en chaque homme. J'ai déjà rêvé de tous les types de femmes possibles et imaginables : âgées et jeunes, minces et grosses, vierges et prostituées, laides et belles... ma sœur, ma mère. J'ai même rêvé de vous. Comment un homme peut-il trouver un sens à cette profusion de formes que prend sa féminité dans ses rêves ?
Marie-Louise von Franz – L'anima compte de nombreuses phases différentes et couvre un large éventail de réalités psychologiques. Selon Jung, il existe quatre représentations principales de l'anima : Eve, Hélène, Marie et Sophia, la sagesse de Dieu.
Eve serait la femme biologique ; quand elle apparaît comme anima de l'homme, elle représenterait la sexualité biologique, l'attirance physique, la maternité, la figure de la femme ordinaire et attirante. Hélène se situe à un niveau supérieur. Elle représenterait l'hétaïre des Grecs — leur type de geisha —, la femme cultivée avec laquelle on peut avoir non seulement des aventures sexuelles, mais aussi des échanges poétiques et des conversations philosophiques. Elle incarnerait l'alliance de la compagne spirituelle et de la sexualité romantique. À la phase suivante, on trouve la figure d'anima de la chrétienté, la Vierge Marie. Elle représente la forme la plus élevée de la spiritualité, mais elle est un peu trop unilatérale et haut placée. Il manque à la Vierge Marie l'aspect sombre, le côté Eve de la femme, l'ombre terrestre, le côté plus biologique, plus vaste, plus naturel de l'anima. Elle représente donc un idéal inaccessible. La quatrième phase, Sophia, la sagesse de Dieu, représente par conséquent un retour vers la terre, comme le remarquait Jung en souriant, parce que la sagesse n'est pas vraiment aussi spirituelle et vertueuse que cela. La sagesse est plus proche de la vie. Elle se manifeste quand un homme sait comment aimer les femmes, comment avoir des liens avec elles, et comment manifester en même temps une certaine sagesse, une sagesse qui le protège de leur côté dévorateur. La plus haute expression de l'amour contient aussi un grain de sel.
FB – Que voulez-vous dire par là ?
MLVF – Je ne vous le dirai pas.
FB – D'un point de vue psychologique, comment expliquez-vous l'amour ?
MLVF – Je refuse catégoriquement de l'expliquer ! Ça me dépasse complètement."
Amicalement,
Amezeg
Je suis tout à fait d'accord avec Jung et avec Marie-Louise Von Franz: la sagesse c'est TOUT et non pas une partie du tout. Plus on évolue, plus l'anima évolue forcément vers quelque chose de plus vaste, de plus profond, qui inclue le plus simple en le faisant cohabiter avec le plus subtil; l'un et l'autre se transcendent. L'un et l'autre sont une seule et même chose qui se redécouvre perpétuellement. Difficile à expliquer avec des mots alors qu'avec un silence, un regard, une présence, tout est pure évidence. Mais les mots restent beaux aussi dans leur limitation comme les symboles, ils désignent quelque chose qui ne peut qu'être suggéré. C'est de l'Art-bousier, souvenez-vous... :)
RépondreSupprimerSans le grain de sel, le plat serait bien fade...
Par contre tout ce que dit MLVF des hommes peut être transposé sur les femmes. J'ai moi aussi rêvé de beaucoup d'hommes différents, de toute sorte, plus ou moins effrayants...
Et j'ai connu aussi des hommes qui ont ce côté dévorateur. J'ai du aussi apprendre à apprivoiser cela, à "danser" avec en quelque sorte comme toute chose de la vie.
Il y a une phrase qui m'a marqué de swami prajnanpad qui un jour demanda sans détours à Arnaud Desjardins son disciple alors:
"Es-tu heureux?"
Et cette simple phrase, extrêmement simple et directe (comme l'est souvent la vie), pragmatique dirons-nous, a laissé Desjardins sur le carreau. Il en a pleuré toutes les larmes de son corps.
Sûrement parce qu'après tant d'années de quêtes de toutes sortes, il avait perdu de vue l'essentiel: être heureux.
"Sois heureux!"
Non pas superficiellement, en faisant semblant mais réellement, profondément, de tout ton être.
ça me rappelle un poème magnifique de Rimbaud (la poésie contient tous les enseignements qu'on met des années à comprendre...):
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, -....
.... heureux comme avec une femme.
ça ne s'explique pas, ça se vit!
Bien à vous,
Nout
Vous dites vrai, ça ne s'explique pas, ça se vit.
RépondreSupprimerCe très beau témoignage rimé de Rimbaud, noté dans un futur pudique, me rappelle ces quelques lignes plus banales et prosaïques, toutes au présent :
"Comme il est simple de marcher sous les arbres,
Les feuilles sèches craquent un peu sous les chaussures humides,
Les mésanges piquettent le silence de leurs appels,
Nous allons main dans la main au cœur de l’instant présent,
Chaque pas est une paisible merveille,
Chaque souffle un miracle de vie.
Nous sommes à la place que le mystère nous a donnée,
Nous aimons être et témoigner de ce qui est :
L’éternité s’est posée dans le bois comme un grand papillon que l’on ne peut saisir."
Cordialement,
Amezeg
Un témoignage vivant en effet,ce texte est-il de vous?
RépondreSupprimerLe futur peut signifier l’inaccompli, mais aussi le désir, ou la foi en ce qui va se produire...
il y a un passage du Cantique qui est au futur justement...
Bien à vous,
Nout
L'auteur est un illustre inconnu, mais il est aussi comme un vieil ami dont la petite prose résonne parfois en moi lorsque je lis certains poètes très illustres témoignant d'un vécu proche ou semblable.
RépondreSupprimerJe parlais de futur "pudique" pour les raisons que vous dites, en y ajoutant également l'expérience déjà faite que le futur vient effleurer et raviver. Un futur hors du temps, en quelque sorte, comme l'est la poésie.
Bien à vous,
Amezeg