lundi 26 septembre 2011

L'Oeuvre au blanc (suite du rêve "le sac")






Je suis dans la cuisine avec mon compagnon. Je parle au téléphone avec un homme, une relation professionnelle, en plaisantant, riant puis je raccroche. 

Voila à nouveau le lieu de la cuisine, lieu où se prépare les transformations alchimiques. Il y a un contact qui s'est semble-t-il établi avec l'animus positif (l'homme au téléphone) mais celui-ci n'est pas visible car ce rêve va me faire visiter l'aspect négatif de ma relation au masculin. La relation professionnelle souligne le travail en cours, l'activité qui s'est déclenchée suite à ce contact établi avec moi-même sans doute à travers mes rêves. 

Mon compagnon semble contrarié. Il me dit que ce n’est pas convenable qu’une femme ait des contacts téléphoniques avec un autre homme. Je lui réplique que lui-même ne cesse de recevoir des appels de femmes inconnues et que je ne le lui aie jamais reproché. La discussion s’envenime jusqu’à ce qu’il me jette avec mépris que de toute façon, je suis inutile. Je ne lui sers à rien. 

Le compagnon est surement un aspect de l'ancien moi-même, un "compagnon de longue date donc", l'ombre qui se nourrit de l'énergie de toutes les douleurs refoulées dans l'inconscient. Cette relation étouffante, est ressortie maintes fois dans ma vie (avec femmes et hommes, de moi-même aussi, en amitié comme en amour, pas systématiquement mais assez souvent pour être soulignée). Relation ou l'autre est un objet, un moyen de se fuir.

Cela me renvoie à nouveau à ma relation à ma mère avec laquelle j'ai joué le rôle du bouc-émissaire, endossant toutes les blessures familiales. J'étais en quelque sorte le "vilain petit canard", celle qui ne trouvait nulle part sa place, en perpétuelle révolte, celle qui savait si bien provoquer les colères du père, ce" maître" qu'elle tentait  de ménager au détriment de ses propres enfants. 
Combien de fois ai-je "oublié" ou "perdu" les clés alors qu'on partait en voyage? Combien de fois, j'ai oublié le khôl noir sur mes yeux alors que cela m'était interdit, au risque d'entendre mon père me traiter de... Combien de fois me suis-je insurgée de ses idées politiques douteuses et radicales? 
Je ne voulais pas être ma mère. Je me suis fabriquée un personnage... Toujours vêtue de noir en oppositions aux couleurs vives qu'elle aime tant porter...Je lui disais que je ne me marierai jamais, que je ne serai jamais l'esclave d'un homme. Je me voulais cynique, implacable et au fond de moi je l'étais. Surtout envers moi-même. 

Je me souviens très bien de la sensation d'étouffement quand j'approchais de la maison. Cette angoisse qui scellait ma poitrine, me faisant redouter ces repas pris en famille où le silence pesait comme un orage prêt à éclater. L'interrogatoire de mon père au sujet de ma vie, dont il ne retenait rien, écoutant à peine ce que je voulais bien lui répondre.  Quand je parlais, il ne m’écoutait pas; quand je ne parlais pas, il me disait que j'étais un mur, "un museau", qu'on ne pouvait rien espérer de moi. Souvent cela finissait par mon abdication. je me levai, quittai la table et pleurai dans ma chambre. Toujours la même danse; et la douleur inexprimable de se voir la danser chaque jour, comme ce conte du joueur de flûte... Cette impression d'être sur un manège qui ne veut pas cesser de tourner.

Jusqu'au jour où, après une conversation douloureuse au téléphone avec mon père, une conversation stérile où il parle seul et je me tais, je suis montée dans ma chambre, j'ai rempli un sac de choses inutiles et je suis partie. Sans savoir où j'allais, bien décidée à ne jamais revenir. Je n'ai plus donné signe de vie pendant plusieurs mois. J'avais dix-neuf ans.

 Parfois, je m'arrêtais dans une cabine,je décrochais le combiné et je restai là, impuissante, dans l'incapacité de "dire" ce vide intérieur qui me dévorait. 

Je les avais quitté mais ils étaient toujours là, à l'intérieur de moi, remuant comme des serpents crachant leur venin. J'ai coupé mes cheveux, me suis mise à vivre la nuit, à m'entourer d'une foule de gens perdus et immatures comme moi, incapable de mener à terme le moindre projet. Incapable d'avancer, de faire des études, de me laisser enfermer dans un travail. J’étouffais perpétuellement. Je ne savais même pas ce que je voulais, qui j'étais. Je fumais  allongées par terre, ne supportant plus la lumière du jour, ni les êtres qui l'habitaient encore, tout ce bruit à l'extérieur qui ne couvrait pas celui que je portais...aucune drogue ne parvenait à me guérir de moi-même, aucun amour ne me touchait vraiment.

Je ressens une sensation de colère et d’étouffement mêlés ; il faut que je sorte, que je parte.Je veux prendre mon sac posé sur le plan de travail(un sac noir comme sur la photo, mon sac dans la réalité...). C’est la seule chose que je veux emporter pour ne plus revenir. Mais il me l’enlève des mains et je dois partir sans. Je sens alors que sans mon sac (mes papiers d'identité, mon agenda, mon argent etc.), je vais devoir repartir à zéro.

Je crois que le sac noir sur "le plan de travail" représente la blessure fouillée, remuée et intégrée, la femme noire du rêve de la valse minute. Il est temps de partir, d'aller vers autre chose et je dois laisser derrière moi certains aspects de cette blessure, qui même si elle fait partie de moi, ne doit plus entraver ma façon de me conduire. Je l'ai dépassée intérieurement mais il faut que cela s'étende à mon comportement, des habitudes, de façons de voir, qui restent imprégnées, alourdies par la blessure.


(dans la réalité, j'ai plusieurs fois vécu cette "remise à zéro du compteur", et j'avoue que cela ne me déplaît pas de faire table rase et recommencer...une part de moi aime la nouveauté, le changement, et l'autre aime la stabilité, la profondeur...)

Quand je dis ça, je décris bien les deux aspects diamétralement opposés qui m'habitent. Celle qui fuit et celle qui veut approfondir, ou se rassurer... Il m'arrive encore aujourd'hui ne pas pouvoir répondre à un appel téléphonique ou ne pas arriver à appeler quelqu'un. Je regarde l'appareil, impuissante, comme si "celle-qui-ne-peut-pas-dire" était toujours là, agissante et présente en moi. Il faut parvenir à un équilibre.

A l’extérieur, mon père vient d’arriver au volant d’une très belle voiture. Je monte dans la voiture et je découvre que mon compagnon lui a quand même laissé mon portefeuille (avec l’argent... je vérifie) mais a gardé le reste du sac. Je pense immédiatement qu'il va sans doute fouiller mon sac et cela me gêne car il va mal interpréter ce qu'il contient. Mais il se peut aussi qu'il ne le fasse pas, d'une part parce qu'il respecte généralement mon intimité, d'autre part à cause d'une forme de négligence de ce que je ressens réellement. Je demande à mon père de démarrer rapidement et de m’emmener ailleurs.

Ce masculin guéri dont j'ai commencé à prendre conscience en moi semble être une aide précieuse pour dépasser les anciennes blessures et aller vers un renouveau. Il y a quand même une crainte encore que l'ancien schémas masculin, envahisse à nouveau mon intériorité mais les billets de 10 que, comme Amezeg, je vois bien symboliser l'unité ou du moins le potentiel suffisant pour accéder à cette unité me rassure.
Et c'est vrai que dans ma conscience quelque fois, d'anciens schémas resurgissent, remontent en moi comme des eaux en crue, mais le Soi retrouvé, le Un du dix (qui alors porte une notion d'aboutissement) me relie au divin, et je me sécurise. Cela se ressent dans ma vie quotidienne, concrètement, les évènements semblent se délier d'eux-même dès que je relâche la pression, dès que je m'en remets à cette Connaissance intérieure. Les choses se rééquilibrent même si cela ne me dispense pas de rencontrer des problèmes, ou de ressentir encore de l'angoisse parfois, j'arrive toujours à les dépasser.
Je ne suis plus enchaînée à mon passé. J'arrive à vivre sans m'y référer. Marcher sans me retourner comme devait le faire Orphée pour délivrer sa belle.
Il s'agit véritablement du grand oeuvre alchimique puisque si je me réfère au mage wikipédia:

Œuvre au noir (mélanosis en grec, nigredo en latin), sous le signe de Saturne : il y a mort, dissolution du mercure et coagulation du soufre. « Notre alchimiste commence par préparer, dans un mortier d'agate, un mélange intime de trois constituants. Le premier, qui entre pour 95 %, est un minerai : un pyrite arsénieux. Le second est un métal : fer, plomb, argent ou mercure. Le troisième est un acide d'origine organique : acide tartrique, ou citrique. Il va broyer à la main et mélanger ces constituants durant cinq ou six mois. Ensuite il chauffe le tout dans un creuset... Il dissout enfin le contenu du creuset grâce à un acide... Il évapore ensuite le liquide et recalcine le solide, des milliers de fois, pendant plusieurs années... Au bout de plusieurs années, il ajoute à son mélange un oxydant : le nitrate de potasse, par exemple. Il y a dans son creuset du soufre provenant de la pyrite et du charbon provenant de l'acide organique... Il va recommencer à dissoudre, puis à calciner, durant des mois et des années... Le mélange [soufre, charbon, nitrate : explosif] est placé dans un récipient transparent, en cristal de roche, fermé de manière spéciale ['fermeture d'Hermès ou hermétique']... Le travail consiste désormais à chauffer le récipient... Le mélange change en un fluide bleu-noir ['aile de corbeau']. (couleur de la voiture...)»

L'oeuvre au noir semble se terminer (noir qui se retrouve tout le long du rêve...)...D'ailleurs je quitte actuellement l'appartement dans le quel j'ai vécu toute la transmutation en rapport avec ce travail...


Nous allons à l’extérieur de la ville dans un centre commercial. Nous discutons avec une grande facilité ; je me sens parfaitement comprise et soutenue par lui. Nous parlons du fait que la police met facilement des contraventions sur ce parking, mais je constate que finalement, l’endroit est bien ordonné et bien fréquenté grâce à ce contrôle policier régulier. Mon père approuve totalement. Je pense que pendant qu’il va travailler, je vais pouvoir conduire sa belle voiture. J’ai une légère appréhension comme si j’avais peur de l’abîmer mais en même temps, je sens aussi une forme d’excitation.
(la suite du rêve devient floue)

L'ordre intérieure du à l'intégration de mes anciennes blessure se répercutent dans mes relations aux autres, au monde. Je n'ai plus peur de la rencontre, de me livrer telle que je suis; j'ai gagné une assurance qui m'ouvre des portes jadis complètement fermées.
Le masculin n'a pas pour autant fini de "travailler", mais je suis prête toutefois pour vivre de façon "unifiée", de faire mes premiers pas dans ce nouveau moi qui se révèle.


Nous sommes dans un nouvel appartement très vaste et bien chauffé (un poêle dans chaque pièce). Mais nous devons le repeindre. Mon compagnon veut peindre par-dessus l’ancienne tapisserie avec une peinture noire mais je refuse et lui dit que je veux l’arracher. Je me mets à la tâche et il se trouve que la vieille tapisserie s’enlève très facilement. Une fois enlevée nous peignons tout en blanc même les boiseries de l’appartement.

Le "nouvel appartement" confirme l'accomplissement de ce nouveau moi. Ce contenant, ce féminin réorganisé, plus spacieux, plus lumineux et chaleureux, c'est à dire accueillant...malgré la présence reconnue de l'ancien masculin innaccompli (dit négatif), je n'ai plus besoin de m'appesantir sur le noir, ni mes ténèbres intérieures, et je tâche d'accomplir l'oeuvre blanc dans les règles de l'art en arrachant toute l'ancienne peau...

5 commentaires:

  1. Eh bien , voilà une interprétation bien menée...
    As-tu vraiment besoin qu'on t'aide, Nout ? j'en doute... :-)

    Ton rêve me fait penser à une période où je rêvais d'un nouvel appartement, avec une belle cuisine, vaste, bien équipée et "toute blanche"...
    Peu après, ma vie a complètement changé...
    (très concrètement: rencontre, amour, déménagement...etc)

    RépondreSupprimer
  2. Si si j'ai besoin du regard des autres, disons que je m'appuie dessus, vos remarques m'ont bien aidées.
    En fait, j'ai une façon d'analyser assez personnelle adaptée à mon cervelet droit ;)...c'est à dire que je laisse venir, ça vient tout seul et quand il est temps je l'écris...

    Quelle découverte passionnante je fais grâce à ses rêves!(merci Amezeg!...) Dire que je rêve depuis que je suis enfant et que je viens seulement d'en découvrir toute la substance!!!

    Je sens en effet que les choses changent, du moins se débloquent... On verra où ça mène. C'est très excitant! Comme dans le rêve. :)

    RépondreSupprimer
  3. Heu ... Là c'est toi qui va rire. j'ai publié dans l'après-midi un article intitulé "Œuvre au Rouge" ... Sans commentaire !!!
    (ces synchronicités m'intriguent tout de même, si tu acceptes de me faire parvenir ta date de naissance, je monterai bien ton référentiel de naissance, par "curiosité" ...).

    Quoiqu'il en soit j'admire l'activité de ton cervelet droit : le mien est encore engourdi, et pourtant que de rêves chaque nuit !

    Bisous

    RépondreSupprimer
  4. Ah ben je croyais que ton article faisait allusion au mien!...tu es sur que ton cerveau droit est encore engourdi? ;)

    Je te file ma date et tu me donnes un rêve en échange...je commence à aimer ces lectures de rêves.

    Bisous

    RépondreSupprimer
  5. ça marche ! Heu ... faut-il encore que je m'en rappelle avec suffisamment de détails, mais je vais m'appliquer, promis !

    RépondreSupprimer