"La période où on a beaucoup insisté sur Marie-Madeleine pécheresse et pénitente est celle du jansénisme, rappelle le frère Nicolas-Jean, l'un des gardiens du sanctuaire. Ainsi, à cette époque, le lieu supposé de son séjour a été appelé le "Rocher de la pénitence". Au Moyen-Age, on parlait plutôt de la "Chambre" de Marie-Madeleine et on insistait beaucoup plus sur la notion de contemplation.
Elle est toujours présentée dans l’Évangile comme celle qui donne l'impression de saisir au mieux possible le mystère du Christ et elle est ensuite celle qui annonce la résurrection. Elle est donc "prêcheresse" et non pas pécheresse.
Elle passe ici trente ans de solitude, non pas tant de pénitence que de contemplation. Dans l'esprit de l'Eglise primitive où les disciples du Christ sont épris de l'absolu d'aller vers Dieu dans la solitude, ce lieu de la Sainte-Baume apparaît comme un désert, un entre-deux, entre terre et ciel."
"Ce lieu est étrange, c'est vrai, achève Nicolas-Jean. Il dit quelque chose, un appel. Cette cavité immense rappelle à la fois le tombeau du christ, vide, et évoque peut-être aussi notre coeur qui est fait pour être rempli d'une présence d'amour.
Une plaque en manière d'ex-voto signée d'André Chouraqui reproduit un extrait du Cantique des cantiques qui illustre peut-être le sens de la présence de Marie-Madeleine en ce lieu.
Il y a aussi une citation de Pétrarque sur une plaque citée dans tous les écrits dur la grotte:
Ma colombe, cachée dans le creux du rocher, en une retraite escarpée,
montre moi ton visage, fais-moi entendre ta voix,
Car ton visage est beau, et belle est ta voix.
Ce poème d'amour doit être lu aussi comme une allégorie de l'union mystique. Peut-être les relectures récentes de Marie-Madeleine, qui ont cru voir en elle une sorte de maîtresse du Christ, ont-elles dit quelque chose de vrai malgré elles, c'est à dire qu'il y a une union d'amour, non pas simplement charnelle, entre le Christ et Marie-Madeleine, mais une union mystique.
Marie-Madeleine est cette figure de l'humanité, éprise de Dieu et dont Dieu est épris lui aussi."
Propos recueillis dans l'ouvrage Sur les pas de Marie-Madeleine de Frédérique Jourdaa et Olivier Corsan, éditions Ouest-France
Propos recueillis dans l'ouvrage Sur les pas de Marie-Madeleine de Frédérique Jourdaa et Olivier Corsan, éditions Ouest-France
Cette série d'articles sur la Sainte Baume et la présence de Marie Madeleine est un bonheur pour l'âme. Je pense beaucoup à Elle en ce moment, j'irai bientôt à sa rencontre, depuis le temps ... J'entends l'appel de cette présence d'amour, même si l'écho se fait lointain en ce moment, tu me le rends plus proche : merci.
RépondreSupprimerLe Christ aimait le Monde d'un amour indifférencié, Marie Madeleine n'y a pas échappé. De là nombre d'interprétations malsaines ont vu le jour. Ce qui est important, c'est l'effet qu'a eu la rencontre de Jésus sur Marie Madeleine. Elle qui était morte s'est reconvertie à la vie.
RépondreSupprimerBien à vous, Oliver
« Je reprends l’adage des Pères de l’Église : Tout ce qui n’est pas assumé n’est pas sauvé. Donc si le Christ n’a pas assumé la sexualité humaine, elle n’est pas sauvée ; et si elle n’est pas sauvée, elle est mauvaise ; et si elle est mauvaise, elle va nous rendre coupables ; et si elle nous rend coupables, elle va nous rendre malades. Le tout est de savoir de quelle sexualité nous parlons : celle qui reste pulsionnelle et animale ? ou celle d’un être qui a transformé sa libido en amour, et cet amour en capacité d’alliance ? Donc, évidemment que le Christ assume sa sexualité, autrement ce n’est pas un homme, c’est un castrat, un infirme - ce qui serait blasphématoire. C’est une des occasions que la réflexion philosophique a peut-être manqué : celle d’évangéliser la sexualité, de la transfigurer, d’y introduire le sacré.
RépondreSupprimerBien sûr que Jésus a une sexualité, mais il la vit de manière plus intelligente, plus généreuse, plus aimante et plus sacrée. Ce n’est pas la divinité qui a été sexualisée. Il a divinisé la sexualité : elle aussi peut être un lieu d’épiphanie, de rencontre de Dieu. Et c’est ce que dit l’Évangile de Philippe : le lieu où l’on prie vraiment, aujourd’hui, à Jérusalem, c’est la chambre nuptiale. Le saint des saints, c’est là où un homme et une femme se rencontrent. La présence créatrice y est à l’œuvre. Donc, Dieu est réellement présent. Mais on est bien d’accord que, là, nous sommes en présence d’une humanité dont la sexualité est tout entière habitée par la lumière, par l’innocence, par un amour agapé. »
Jean-Yves Leloup (Nouvelles Clés – Les métamorphoses de l’échelle amoureuse)
@Tempérance: te le rendre plus proche est tout ce que je souhaite...mais tout vient à point à qui sait attendre. A qui accepte le jeu (JE) de l'abandon. :)
RépondreSupprimer@Oliver: Je suis tout à fait d'accord avec toi, Oliver! L'essentiel n'est pas ce qui s'est passé entre elle et lui mais ce qui s'est passé en eux! Et ce quels chemins ils ouvrent... Merci à toi et très belle soirée!
RépondreSupprimer@Franck l'Âmi: Vous faites "mouche" comme toujours...transcender le corps, la matière, le monde, n'est-il pas ce que montre toute la Voie du christ. Comment occulter une part de nous-même si présente? Le déni est une ombre qui nous empêche d'être entièrement.
RépondreSupprimerLa sexualité est à l'amour ce que le parfum est à la fleur...indissociable. Et pourtant, en ce monde, tout semble divisé. On met le parfum des fleurs dans des éprouvettes et on "consomme" du sexe...quant à l'amour, on le "cherche" désespérément...
A nous de ré-unir.
:)