mercredi 22 juin 2011



Cette nuit j'ai rêvé que je mangeais ces petits fruits ronds qu'on cueille au bord du maquis au coeur de l'automne. Ils ont la même couleur que ces roses offertes hier à une personne dont la gentillesse est sans doute aussi douce à goûter que ces fruits...

Parfois l'effervescence de la vie nous surprend et on se laisse emporter, parce qu'elle est le mouvement extérieur de la vie. Mais dans l'effervescence, on oublie à force de courir vers les nombreux signes que la vie nous envoie, de s'arrêter au bord du chemin et de cueillir le fruit sucré de chaque instant.

Alors je me pose. Je me cale à nouveau dans ma peau, dans ce présent qui m'attend toujours qui ne va jamais assez loin pour que je puisse le perdre. 

Certains disent qu'ils se recentrent; mais je ne me sens le centre de rien. Du moins cela ne concerne pas l'espace. C'est être plutôt au coeur de tout, dans la pulpe même du nouveau, du neuf que seul la poésie peut effleurer du bout des mots.

Seule la poésie, exprimée par les mots mais aussi par les gestes, l'image, la musique, est l'unique solution qui s'offre au monde. Ne jamais oublier cela. Dès que la poésie se tarit, je m'oublie. Je suis décalée. Je ne respire plus. Le rythme des poumons, ces ailes de chair, ces ailes d’ange, déployées dans nos poitrines est rompu.

N'est-ce pas cela la Chute?

La négligence de ce lien divin au coeur de soi...

La perte du Souffle... 



Dans sa main ouverte
dansent
neuf petits soleils

6 commentaires:

  1. Ce lien divin... Voilà l'important !
    Les petits fruits doux et magnifiques sont des arbouses, il me semble. brigitte

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  2. Oui des arbouses qui poussent en abondance sur le bord d'une route menant au coeur d'une vallée Corse, dans le cap, qui abritent de précieux souvenirs d'enfance...

    Les arbousiers poussent dans le maquis dans lequel se cachaient les maquisards, lors de la vendetta, parmi lesquels sans doutes certains de mes ancêtres...

    Les arbouses seraient-ils les fruits de la révoltes, de l'insoumission à un pouvoir en place abusif (voir les maquisards sous l'occupation allemande)?

    Ce rêve simple en apparence, à sans doute beaucoup de choses à m'apprendre!

    :)

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  3. Pour qui connait "ce lien divin", chaque chute fera suffisamment mal pour inciter à vite se relever et retrouver ce coeur, cet espace vide de tout et pourtant plein de mille univers, cet espace de rêve et de poésie, nous-même.

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  4. Il semble en effet que la chute nous permette de ne pas nous faire rebondir plus haut...A condition de connaitre ce "lien divin"!

    :)

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  5. "Ce rêve simple en apparence, à sans doute beaucoup de choses à m'apprendre!" dites-vous, Nout. Il est vrai que des rêves simples et concis sont parfois très riches de sens.

    Ces arbouses, fruits ronds, couleur de soleil, évoquent, pour moi, cette totalité rayonnante qu'est sans doute une personnalité accomplie au sein de laquelle s'est opérée la réunion des divers opposés. Le maquis au bord duquel on les cueille, me fait songer à l'espace naturel sauvage et a priori difficile d'accès, non soumis à la culture ou à la maîtrise consciente, qu'est l'inconscient pour chacun d'entre nous. Notre terra incognita, touffue inextricable, etc... Le fruit de la totalité mûrit donc dans la zone de contact et d'échange entre la terre cultivée et le maquis, dans la zone d'échange entre le domaine conscient et le domaine inconscient. Les noms arbouse et arbousier me semblent également dignes d'intérêt. L'art né de la bouse me rappelle que les alchimistes affirmaient que leur Pierre (philosophale) était tirée du fumier des chemins. Que leur art consistait donc à faire bon emploi de la bouse ou de la boue, ce qui doit s'entendre comme une prise en compte effective des données inconscientes généralement tenues pour négligeables ou méprisables, sans intérêt. L'arbousier serait alors l'art (du) bousier, celui-ci étant le bousier sacré (scarabeus sacer) qui forme des boules avec de la bouse et les roule vers un terrier pour y pondre un œuf qui assurera son renouvellement. En Égypte, peut-on lire dans l'article dédié de WIkipedia *, " Le scarabée était consacré à Khépri (« Celui qui est apparu »), dieu du soleil levant." et aussi :" L’image du scarabée, traduisant le concept de transformation, de renouveau et de résurrection, est omniprésent dans l’art religieux et funéraire égyptien."

    Totalité, résurrection, mûrissant dans la zone d'échange entre le domaine naturel sauvage et le domaine cultivé, c'est un fruit remarquable. Le maquis corse de vos ancêtres, Nout, n'offre-t-il pas une bonne image de l'arrière-plan inconscient riche du dépôt de toutes les générations qui nous ont précédé ? Dépôt qui abrite sans doute le meilleur comme le pire.

    Croquer l'arbouse ne serait pas croquer le fruit défendu, se serait se nourrir du fruit de conscience (lumière) pour aller vers sa propre totalité (sphère achevée) :-)

    Amezeg

    * http://fr.wikipedia.org/wiki/Bousier_sacr%C3%A9

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  6. Contrairement à ce que beaucoup croient le chemin vers soi est en effet un Art-bousier...
    Comme vous l'avez souligné en commentaire chez la Licorne (Fabulo), le grand oeuvre commence par le noir; celui qui ne peut franchir cet étape restera bloqué à un certain niveau et se mettra à tourner sur lui-même (karma).
    C'est pourquoi j'insiste bien sur la blessure. L'éveil est survenu dans la blessure au coeur du noir le plus absolu et cet éveil a dévoilé ce que j'étais et tout ce que je n'étais pas. Aucun mot ne peut atteindre ce non-lieu que nous sommes. Beaucoup tentent de le cerner mais cela est vain. Nul ne peut le transmettre. On peut en témoigner, non le transmettre par des mots.

    L'éveil s'apparente bien à cette résurrection que symbolise le scarabée, à la lisière entre le connu et l'inconnu, au coeur du noir, naît la lumière.

    Le fruit défendu a été croqué avant maturité c'est pourquoi il est si indigeste. Vouloir la connaissance sans mourir à soi, c'est connaitre l'exil.

    L'arbouse est une clé de transcendance. Au creux de la main. Lorsque l'être a fait le tour de ses ténèbres, le voilà complet, le voilà prêt à renaitre...

    Le nom que j'utilise vient de la déesse égyptienne nout et symbolise aussi la résurrection...

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nout

    Merci pour ce lumineux passage sur ces pages! :)

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