mercredi 27 juillet 2011

L'état d'innocence dans le Taoïsme












Dans les textes du taoïsme ancien, à côté des personnages récurrents d'immortels, d'ermites, de maîtres et de parias, on trouve une autre incarnation de la plénitude vitale, moins spectaculaire mais tout aussi confondante: celle de l'enfançon.

C'est parfois même le nourrisson, qui apparaît dans ces textes fondateurs comme l'idéal de la vie pleinement réalisée.

Alors Laozi, le Vieux Maître, reprit:
"Quel axe suivre pour préserver sa vie? Eh bien, je te dirai: Peux-tu embrasser l'Un et ne pas le lâcher? Peux-tu sans recourir à la divination ni consulter les sorts, comprendre ce qui t'es faste ou néfaste? Peux-tu faire halte? Sais-tu t'arrêter? Peux-tu te détourner d'autrui et trouver en toi-même ce que tu cherchais au dehors? Librement t'ébattre à tire d'aile? Revenir à la candeur novice?

Peux-tu te faire nourrisson?

Un nourrisson peut vagir tout le jour durant sans jamais s'enrouer: c'est qu'en lui l'harmonie est à son comble. Il serre les poings tout le jour durant sans que ses mains soient engourdies: c'est que toute sa Puissance est rassemblée en lui. Il peut toute la journée rester à contempler sans cligner ni ciller: c'est qu'il n'est pas déporté vers le dehors. Il avance sans savoir où il va, repose assis sans savoir ce qu'il fait, ondule et serpente selon, et se fond au courant qui le porte.

Voilà la ligne directrice pour préserver sa vie."

Zhuangzi, XXIII, traduction Romain Graziani



Extrait d'un article de Romain Graziani publié dans le Point hors-série "les maîtres penseurs" n•9 (juillet/août 2011) sur Lao-Tseu


Illustration issue de la même revue: Zhuangzi rêvant d'un papillon par Ike no Taiga (1723-1776), encre sur papier, art japonais.


2 commentaires:

  1. Le nourrisson ne "dirige" pas sa vie mais se laisse porter par le courant de la Vie, en toute confiance.
    Il est dans l'UN à tout moment, n'est séparé de rien...et c'est cet état de non-séparation , et de confiance absolue qu'il nous faut retrouver.
    cela demande un "sacré" "lâcher-prise" !
    C'est tout le travail de "renoncement" à l'ego...

    Je pense aussi que cela explique la fascination qu'exerce le nouveau-né sur l'adulte: ce dernier sent confusément que ce "petit-bout" a encore un pied (ou les deux !) dans l'éternité...

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  2. Bonjour Nout
    Oui il faut lâcher prise totalement. Un jour, j'étais dans un grand camping quatre étoile avec une multitude de bungalow, une aire disco, un lac, des piscines, des spas... Bref un énorme complexe. La dedans, j'ai fait entièrement confiance à mon instinct pour retrouver mon chemin. J'étais avec ma fille de sept ans et nous sommes arrivés directement à notre bungalow sans même que je sache par ou j'étais passé. L'instinct, c'est sûr, ça marche, mais il est très difficile de s'y abandonner.

    Bon dimanche...

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