vendredi 20 janvier 2012

L'ombre


 Carl Gustav Jung pensait qu'au bout de la pénible exploration de notre inconscient se trouvait la découverte du soi, notre lumière intérieure, la part de sagesse divine enfouie au plus profond de nous-mêmes. Mais le psychiatre suisse affirmait qu'avant d'arriver à cette lumière, l'explorateur devait d'abord rencontrer un personnage qu'il a appelé l'ombre. 


L'ombre peut être définie comme notre double inversé, celui ou celle que nous aurions pu être, mais que nous ne sommes pas. C'est notre face obscure, elle contient l'ensemble des traits de caractère qui n'ont pas pu se développer dans notre personnalité. Elle symbolise en quelque sorte notre frère jumeau opposé qui est caché dans les profondeurs de notre inconscient. 



L'ombre est cette part de nous-mêmes que nous nous refusons, a priori de voir, en nous-mêmes. Elle peut être pour celui qui s'y intéresse une source importante de développement personnel. Elle est issue du résultat d'un ensemble de possibles qui étaient offerts au sujet:
«  Ce sont toutes les possibilités du sujet, ce qu'il aurait pu choisir ou être mais qu'il n'a pas vécu jusqu'à présent. Ces potentialités font partie des aspects personnels (qualités et attributs propres à la personne) et collectifs (les possibilités humaines de développement) de la psyché.» (C-G Jung)
Prendre conscience que tous nos « ennemis » sont pour la plupart que des points de vue intellectuels que l'on donne sur ce que nous sommes (même si ce n'est que potentiellement) mobilise énormément le système psychique pour « rien » et surtout « le disperse ». La réalisation de cela, c'est-à-dire en premier une compréhension et la réalisation d'une perte énorme (perte de temps, et d'énergie que nous avons eue) et surtout que nous avons (tant que nous n'arrivons pas à nous recentrer sur nous-mêmes, et lâcher notre « pseudo-guerre »), et nos pseudos ennemis, pour aller de l'avant. En cela la réalisation de cet état puis sa conscientisation et sa mentalisation libératrice (si elle est faite seule) est dangereuse :
«  Cette extrême dispersion du psychisme montre que de nombreuses prises de conscience sont nécessaires avant que l'ombre n'apparaisse au conscient. […] La prise de conscience de l'ombre développe d'abord une série d'effets qui sont tous de l'ordre de la perte. En cela, elle est dangereuse. » (C-G Jung)

Extraits choisis de l'article sur l'ombre sur wikipedia  qui font suite aux commentaires de "sois un lotus" et du lundi 9 janvier ainsi qu'à ceux du rêve publié ici.

10 commentaires:

  1. C'est vrai, la thérapie peut s'avérer nécessaire, comme une étape pour se (re)mettre en marche, lorsque le psychisme semble peuplé d'obstacles infranchissables... D'ailleurs Jésus ne fût-il pas, au dire des Evangiles, un très grand thérapeute ? Mais les miracles opérés l'étaient toujours à partir d'un Principe supérieur à la cause du mal, par la grâce d'une Lumière qui signait la présence du divin au coeur de toute femme et de tout homme qui y faisait appel. Dieu seul peut guérir au sens profond du terme, et il y a là je crois un risque de déviance lorsqu'une recherche s'embourbe dans le subconscient seul, cherchant dans des strates toujours plus obscures à dénouer les choses : or vers cet en-bas il n'y a pas de fin... C'est pourquoi tout ce qui touche à la psychologie (et plus encore à la psychanalyse) se doit d'être approché avec une grande prudence, et auprès d'une personne d'exception, dotée d'une ouverture effective vers l'intériorité spirituelle de la personne humaine. Merci pour ces extraits !

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    1. Je suis absolument d'accord avec vous et je crois effectivement que le choix de l'accompagnateur dans ces eaux profondes s'avère crucial. Remuer les choses en surfaces ne sert à rien. Il faut descendre aux racines et cette descente s'accompagne inévitablement de souffrances et de remises en question. Être guidé par un aveugle peut s'avérer dangereux...

      La voie que propose Jésus est à la fois une voie de libération et de soumission à un Principe plus grand. C'est la base même de l'humilité de comprendre cela.

      Merci à vous cher Âmi!

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  2. Oui, plonger dans les aspects "obscurs" de notre inconscient peut parfois conduire à s'y enliser. Il y a sans doute certaines choses qu'il ne faut pas "toucher" avant de se sentir "prêt". C'est à nous de ressentir ce qu'on peut aborder ou pas...ne rien "forcer"...

    Mais, en fait, notre "ombre", c'est ce que nous avons "jugé" mauvais en nous, non digne de développement...et que nous avons repoussé.
    C'est ce jugement (intellectuel et moral )qui va encore une fois nous effrayer quand nous allons voir "remonter" les aspects obscurs de notre être. Se voir "tel que l'on est VRAIMENT" est tout, sauf facile.

    Aborder l'ombre positivement suppose donc de pouvoir "ne pas se juger sévèrement"...cela suppose une attitude de "non-jugement"...et donc beaucoup d'ouverture et d'amour envers nous-mêmes !
    En l'absence de cet amour, la rencontre avec l'ombre peut être "traumatisante".

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    1. En effet, la bonne attitude pour aborder ces aspects obscurs semble proche du non-agir du Tao, laisser mûrir, laisser être, tout en restant attentif aux mouvements intérieurs et aux messages délivrés.

      L'intériorité peut être comparée à un jardin...l'ombre serait ce que l'on ne voit pas, ce qui est sous terre...l'humus, la décomposition, les vers, cette fonction alchimique du sous-sol de transmutation...

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  3. J'ai bien lu les échanges avec Amezeg ainsi que les commentaires précédents, et cela me fait penser à ce que j'ai lu sur le blog de Luc Bigé au sujet du Centaure Chiron : "avec Chiron il s'agit d'apprendre à se servir de sa blessure comme de quelque chose qui nous permet de guérir et d'enseigner. Là où l'on est blessé on a gagné le droit de guérir les autres. Par sa connaissance vécue de la douleur, par son expérience, il sait ce qui est juste pour guérir l'autre. Le guérisseur blessé enseigne en se servant de la souffrance et de l'injustice pour reconstruire quelque chose qui fait sens et guérit". Cette citation a fait écho à une réplique du film de Cronenberg A dangerous method sur Jung et Freud, réplique prononcée par Jung disant en substance que seul le médecin malade peut guérir les autres.
    Quant à ce que tu évoques sur l'Ombre, je pense pour ma part tout de suite à l'arcane XV du TDM, Le porteur de lumière : j'aime à penser que cet arcane nous demande de regarder bien en face notre part obscure, mais en ce sens il nous invite aussi à y apporter de la lumière, cette lumière d'amour dénuée de tout jugement, pour rejoindre le commentaire de la Licorne. Je pense que si nous pouvons bénéficier d'aide extérieure dans l'approche de cette ombre, pour nous accompagner dans ce face-à-face, il n'en demeure pas moins que nous devons accomplir par nous même l’œuvre alchimique de notre guérison. Tes deux derniers posts me font ressentir beaucoup de choses que je n'arrive pas à t'exprimer et je ne sais pas si je suis très claire ici, mais bon !
    Je pense fort à toi et je t'embrasse

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  4. @ Tempérance
    "Je pense que si nous pouvons bénéficier d'aide extérieure dans l'approche de cette ombre, pour nous accompagner dans ce face-à-face, il n'en demeure pas moins que nous devons accomplir par nous même l’œuvre alchimique de notre guérison." dites-vous, Tempérance.

    Il me semble bien que le Yi King est du même avis et l'exprime dans cet hexagramme récemment cité :
    3. Tchouen / La Difficulté Initiale
    « ....Lorsque le destin se présente sous l'aspect de pareils moments, tout demeure encore informe et sombre. C'est pourquoi l'on doit attendre, car tout geste prématuré peut entraîner l'échec. Il est également d'une grande importance de ne pas rester seul. Il faut avoir des auxiliaires pour triompher avec eux du chaos. MAIS CELA NE VEUT PAS DIRE QUE L'ON DOIVE DEMEURER PASSIF À CONTEMPLER LES ÉVÉNEMENTS. ON DOIT Y METTRE LA MAIN, EN PRODIGUANT PARTOUT ENCOURAGEMENTS ET DIRECTIVES. »

    Amezeg :-)

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    1. "Demeurer passif" serait en effet perdre sa souveraineté et sa vigilance. Ce serait pencher vers la dépendance, la "gouroutisation" de l'autre.
      Le bon guide n'est qu'un observateur, un miroir braqué là où soi-même nous ne pouvons voir.
      Il semble que lorsque l'échange est fertile, entre un être en présence et soi, les forces profondes de l'être se réveillent, se mettent en branle comme si après un long hiver, le soleil du printemps descendait assez bas pour réchauffer les germes en sommeil...en éveil...

      :)

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  5. Merci Amezeg pour cette référence au Yi King que je connais fort mal ... Je vais méditer cet hexagramme !

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  6. Coucou Nout …ce qui suit,
    Ça date (lol)
    A propos des rêves… je t’ai lu (pas tout) il me semble aussi que je n’ai pas le droit d’entrer dans une intimité indéchiffrable pour moi.

    Ça commence comme un conte de fée : « un jour j’ai rêvé que j’étais pianiste de jazz dans un cabaret ».
    Celui qui m’écoutait m’a simplement dit un « cab arrêt »
    Cab = taxi en langue « en glaise » et je n’en savais rien, j’ai cherché dans le dico.
    Il a rajouté « hep taxi ! vous êtes libre vous pouvez aller là où vous vous voulez »
    (Je n’avais jamais pris de taxi…)

    « Celui qui m’écoutait » n’a jamais théorisé … ni « freudien-lacanien-jungien-rogérien etc.. »

    voilà, moi j’avais zappé Freud et consorts en terminale… j’avais à peu près ton âge quand je me suis fait « accompagner » - et ce n’est que vers mes 35 ans que j’ai lu……..surtout relu
    avec un autre regard…
    « latululireli » vient de là… mais témoigner de quoi ?
    au début oui, j’étais très volubile … chiante même …
    à présent je fais des bisous
    je vais faire un pont moi aussi pour les gens d’ici et d’ailleurs.
    http://gazou.over-blog.fr/article-le-batisseur-de-ponts-97588837.html

    Une dame que je ne connais pas et qui fait aussi la « Nout » le pont dans « l’ordinaire » des jours et des nuits.
    Bisou Elodie.
    Lise.

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    1. Latululireli m'a toujours semblé un nom très "sage"! :)
      mais pas sage "chiante" plutôt dans le sens de faire de "faire des bisous"...embrasser, mordre au travers comme dirait le Yi-King.
      Le sage embrasse tout sans distinction et va en effet "là où il veut"!

      Je vais de ce pas emprunter le pont! Ton blog a repris Vie! J'en suis tout émue!

      Bises très chère Lise! :)

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