...Chaque individu humain intériorise et reçoit en héritage psychologique toutes les expériences de l'homme et de la femme véhiculées par les lignées transgénérationnelles de sa famille et de sa culture. Les expériences de l'homme sédimentées au cours de l'histoire humaine deviennent dans la psyché de l'individu (qu'il soit homme ou femme) la présence inconsciente de la figure masculine en lui.
Et ce masculin réunit dans sa constitution toutes les capacités qui sont dominantes chez les hommes, à savoir , la puissance d'affirmation du moi, la puissance d'expression et d'action, l'intellect.
Pierre Trigano & Agnès Vincent- Le Cantique des Cantiques ou la psychologie des amants
Illustration: Apollon type Mantoue d’après un original grec du Ve siècle avant J.-C, attribué à Hégias d'Argos. Oeuvre romane du Ier ou IIe siècle après J.-C. ?
Rien que le titre du post vaut déjà le détour !!! J'adore !
RépondreSupprimerCet extrait que vous citez peut, à mon sens, prêter à confusion. Peut-être est-il trop court ?
RépondreSupprimerLes archétypes du masculin sont présents dans l'inconscient global, pour la femme comme pour l'homme et la réciproque est vraie concernant les archétypes du féminin. Mais il me semble bon de préciser que ces archétypes masculins sont ordinairement actualisés au sein de la personnalité consciente d'un homme, ils sont les ressorts immédiats de cette personnalité consciente masculine, tandis que ce sont les archétypes féminins qui tiennent d'emblée ce rôle au sein de la personnalité consciente d'une femme.
Amezeg
@ Tempérance: Bien entendu! ;)
RépondreSupprimer@ Amezeg : Il est en effet possible que cet extrait soit trop court. Je l'ai posté justement pour exprimer de façon brève les caractéristiques que l'on attribue généralement au masculin et le fait que, homme ou femme, nous les intériorisons. Évidemment, la façon de vivre cette masculinité dépendra du sexe de l'individu ou de façon plus subtile, au sexe que l'individu a conscientisé (ce qui présente quelques variables comme je l'exprimerai plus tard); cette ambiguité était donc volontaire de ma part et vous n'avez pas manqué de la relevez. :)
"Je l'ai posté justement pour exprimer de façon brève les caractéristiques que l'on attribue généralement au masculin et le fait que, homme ou femme, nous les intériorisons"
RépondreSupprimerLe féminin est la partie (plus) cachée d'un homme. Bien sûr, tout le psychisme (au sens non physique) est "intériorisé", c'est à dire qu'il n'a pas de forme semblable à celle du corps physique. L'homme toutefois, n'intériorise pas le masculin, il l'extériorise, physiquement et psychologiquement* (*son comportement est aussi celui d'un masculin, d'un homme). Le masculin est sa partie visible/extérieure, pour lui-même comme pour les autres. Si ce n'était pas le cas, Nout, vous ne reconnaitriez pas un homme pour tel quand vous en croisez un. ;-)
Amezeg
J'entends bien Amezeg (pour tordre le cou aux mâle-entendus ;)...) que ce dont vous me parlez sont des concepts jungiens, et il est évident que votre connaissance à ce sujet est supérieure à la mienne. J'avoue n'avoir jamais ouvert un bouquin de Jung ou alors vaguement... Le concept m'ennuie surtout quand il tente de cerner ce qui ne peux l'être. Je fonctionne plutôt à l'instinct, ce qui doit venir sans doute de ma part féminine consciente...;)
RépondreSupprimerJe préfère jouer avec les mots, les symboles, le ressenti...
"L'homme toutefois, n'intériorise pas le masculin, il l'extériorise, physiquement et psychologiquement* (*son comportement est aussi celui d'un masculin, d'un homme). Le masculin est sa partie visible/extérieure, pour lui-même comme pour les autres."
L'homme est d'abord un enfant qui, à la base est...asexué, c'est à dire non conscient de lui-même ni du sexe auquel il appartient. Cette conscience d'être homme (ou femme) va mûrir avec le temps dépendemment de la découverte de son corps, le regard extérieur et l'attitude d'autrui à son égard et enfin l'héritage inconscient de ses parents (tu es un garçon mais j'aimerais mieux que tu sois une fille...). Tout cela me semble beaucoup plus complexe que le schéma:
Je suis biologiquement né homme DONC mon identité consciente est uniquement masculine et DONC ma part cachée, inconsciente, est exclusivement féminine d'où son nom: anima.
Je trouve ce schéma simpliste et je crois par expérience que c'est plus compliqué que ça parce qu'il y a un facteur qu'il ne faut pas négliger et dont à l'époque de Jung on avait pas forcément conscientisé: l'humanité dans son ensemble et cela depuis un bon bout de temps, a une forte tendance à privilégier le masculin...:)
Ce qui déséquilibre quand même pas mal le schéma de départ. Ce n'est pas seulement un individu qui doit unifier, rééquilibrer et réconcilier son masculin/féminin mais l'humanité entière.
Il s'agit sans doute à la base d'un travail psychique mais qui doit pour aller vers l'Accomplissement total vers un geste mystique.
Je crois que Jung s'est inspiré du Taoïsme (corrigez-moi si je me trompe) or dans le taoïsme, une fois l'énergie yin et l'énergie yang parfaitement équilibrée on accède au Tao que je traduirais dans un autre contexte à l'Un, à Dieu etc.
N'est-ce pas vers quoi tend l'humanité entière...cet état de complétude qui n'est autre qu'une dualité parfaitement contenue dans l'Un. Paradoxe subtil qui nous renvoie à la Trinité Chrétienne...
Reconnaître un homme est facile en effet mais reconnaître un Homme demande d'abord de se connaître Soi... :)
Merci pour ce dia-logue cher Amezeg!
Chère Nout,
RépondreSupprimerJe m'attendais un peu à ce type d'objections de votre part. Elles m'engagent à développer un peu mon point de vue et à dissiper, si possible, les...malentendus :
L'enfant qui naît avec un corps masculin est, a priori, appelé par la vie à incarner le principe masculin. Comme vous le soulignez, le monde qui l'entoure, les autres, encourageront d'ordinaire cette incarnation du principe masculin, principe que l'enfant reconnaîtra également dans son corps. Il y a sans doute des exceptions et parfois des perturbations de la disposition naturelle à l'incarnation des principes masculin et féminin. Ce qui ne contredit pas la règle générale.
Jung, depuis longtemps, était particulièrement conscient du fait que le principe féminin n'occupe pas la place qui lui revient et que cela crée un grand déséquilibre au sein des individus et dans le monde (occidental, en particulier). Il s'est par exemple réjoui de la promulgation du dogme de l'Assomption de Marie (en 1950, Pie XII) qui représentait enfin une reconnaissance par l'Église Catholique de l'aspect Féminin "oublié" de la Divinité.
Les concepts créés par Jung se rapportent à des réalités empiriques du psychisme humain, mais ils sont inévitablement formulés en mots ce qui, bien sûr, est une sorte de diminution de ces réalités. Jung, malgré le volume de son œuvre théorique, n'accordait pas trop d'importance aux concepts et invitait chacun à faire l'expérience des réalités ainsi désignées. Il l'a souvent rappelé. Si vous faites l'expérience de ces réalités en suivant votre propre sensibilité, en suivant votre pente individuelle, et sans vous égarer, c'est l'essentiel.
Comme l'a précisé Arnaud Desjardins qui eut pour maître Swami Prajnanpad, un gourou indien, on ne peut faire l'économie du psychique même sur la voie spirituelle. Le concept psychologique n'est pas mauvais en soi, c'est l'usage qu'on en fait qui peut être nuisible. Il faut trouver la bonne distance, comme pour tant d'autres choses, comme pour tout...
Bien à vous,
Amezeg
Cher Amezeg,
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord avec vous. Même si un travail sur le psychisme ne va pas mener à l'illumination ou inversement, l'un et l'autre je crois se complètent et peuvent aider à la libération. Il s'agit d'établir un dialogue avec l'inconscient pour mettre en clarté les blocages qui nous trompent et nous renvoient du monde une image déformée.
Je dois dire que grâce à vos interventions je me suis penchée sur Jung que j'ai souvent croisé mais jamais lu par paresse intellectuelle sans doute. Il semble toutefois que bien que trouvant les théories de Freud assez primaires et inabouties, j'ai toujours ressenti chez Jung un avant-gardisme (dans le lien qu'il fait entre le psychisme et le spirituel ) qui m'a souvent émerveillé.
Mais je crois que tout homme cherchant sincèrement en lui-même les clés de la co-naissance finit par s'élever au-delà des limites convenues par le mental. Ce dernier reste bien l'outil indispensable pour communiquer comme nous le faisons présentement.
Beaucoup d'auteurs que je lis font d'ailleurs référence aux concepts jungien que j'avais tenté de ressentir en moi sans trop les intellectualiser. Souzenelle entre autres que je cite souvent et dernièrement. Peut-être avez-vous des réticences ou des critiques à émettre au sujet de Pierre Trigano qui a contribué au texte que je cite par rapport à la transmission des concepts jungiens (j'ai lu votre commentaire chez Ariaga ;) ). Critique que je suis dans l'incapacité d'émettre vu mon manque de connaissance à ce sujet.
Ce qui m'intéresse dans cet ouvrage dont j'ai cité l'extrait: Le Cantique des Cantiques ou la psychologie mystique des amants, co écrit avec Agnès Vincent, est surtout le travail minutieux de traduction du texte hébraïque et de sa haute portèe symbolique. Il contient par ailleurs des analyses de rêves très éclairants sur la problématique masculin/ féminin...
Je vous remercie de votre patience et de votre attention. Je prends toujours un grand plaisir à vous lire.
:)