L'éveil consiste à regarder la réalité telle qu'elle est et non pas à travers les filtres innombrables de l'illusion. Le regard doit être vide, pur, vacant afin que le monde qu'il englobe puisse s'y déployer librement. Regarder ce qui est...Simplement. Laisser la réaction fleurir puis faner. Retourner à la racine pour laisser venir d'autres fleurs.
Voir le monde à partir d'un regard dépouillé nous préserve de toute manipulation. On ne s'aggripe à rien. On voit, on accompagne, on accepte. Mais accepter n'est pas de la résignation.
Se résigner veut dire que l'on juge le monde mauvais et que, se sentant impuissant à le vaincre, on s'y soumet. Cela signifierait que l'on se sent séparé de ce qui est. Notre regard serait voilé par ce que l'on croit être. La monde devient alors un voile. Il est terni et semble invicible puisque ce que l'on juge mauvais est non pas ce qui est, mais le voile que l'on a mis soi-même dessus.
Accepter c'est en quelque sorte de soumettre, non pas au monde ou à l'illusion mais en quelque chose qui est à la racine de tout. Se soumettre à ce qui ne peut être évité, à l'Absolu d'où émane toute vie et toute conscience, se soumettre au meilleur c'est devenir ce meilleur. Accepter c'est non plus lutter mais accueillir et accompagner. On peut ne pas être d'accord avec ce que l'on rencontre mais être dans l'accueil permet de comprendre et donc de dépasser.
On peut comme Denis imaginer un monde d'or, ou vivre comme un miroir selon Bernard Durel, nous devons avant tout faire le vide. Faire le vide pour laisser naître l'action juste.
Je me souviens d'une séance d'Aïki-budo. Les yeux bandés, une personne devait parer aux attaques de trois assaillants. Dans cette situation, réfléchir ne sert à rien. On perd du temps et on s'expose aux coups. Il s'agit de faire le vide et de fusionner l'acte avec l'agissant. Suivre le mouvement, en étant assez fluide pour s'adapter aux différentes situations qui se succèdent.
Il y a un courant continu derrière toute manifestation. Ce courant porte des noms divers selon les traditions (énergie, ki, fluide vital etc.) mais il est bien réel. Le contrer est source de souffrance. L'accompagner est l'action juste. Pour le sentir, il faut laisser retomber toute les boues intérieures. Il faut devenir aussi pur que le cristal, c'est à dire transparent, vide.
Il suffit de suivre le rythme naturel de la respiration car elle est le repère disponible à tout instant pour saisir le mouvement du vide. Elle est en parfaite adéquation avec le cycle de l'univers. Tout l'univers respire. Il suffit d'être attentif.
Le non-agir du Tao est action fluide, sans obstacle entre soi et le monde. Adhérer au monde et agir sans adhérance afin que rien ne s'aggripe, afin de pouvoir suivre le courant et d'en intégrer la force. Respirer avec le monde c'est accéder au pouvoir naturel de l'Être. C'est être réellement vivant.
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