vendredi 25 mars 2011

Les multiples de l'Un


Nuage d'étourneaux

L'Un est multiple...Merveille des Merveilles! Pour celui qui voit réellement, je veux dire qui voit de tout son être, qui a dépassé les notions d'intériorités et d'extériorités, deviner l'Un derrière la multitude devient un jeu. Il n'y a pas de domaine qui ne parle de l'Un. Il suffit de rester assez ouvert et entendant pour percevoir le chant de l'Un derrière tout ce bruit que fait le monde.

Si le monde était uniforme...uni-forme, il serait l'Un - ce qu'il est bien sûr pour celui qui regarde avec le coeur (et j'évoque là le coeur spirituel)- mais ce que la tradition chrétienne nomme le péché originel fait (les Écritures sont à lire au présent, "dans ma réalité" et non dans un temps passé imaginaire) que l'être humain voit le monde de façon déformée, c'est à dire avec l'illusion que ce monde et tous les éléments qui le composent, lui sont étrangers, sont séparés de lui. Le monde devient alors diabolique (voir la racine grecque du mot diable: διάβολος (diábolos) issu du verbe διαβάλλω « diabállô » qui signifie calomniateur c'est à dire "le menteur"- source Wikipedia).

Le monde devient alors mensonge car l'on fait la séparation entre ce que l'on voit et ce que l'on est. Or, ce qui est est ce que je suis. Si l'on veut établir une frontière entre le monde et soi (c'est à dire le monde que je perçois puisque c'est le seul existant pour moi), il semble difficile voire impossible de le faire car je perçois le monde essentiellement de l'intérieur. Je perçois le monde à travers ces organes, à travers ce cerveau, à travers cette conscience que Cela-est. Si je meurs, le monde meurt aussi en quelque sorte puisque je ne le perçois plus.

Or si je veux me définir, je peux dire je suis Ce qui perçoit ou Celui qui est, même si Celui désigne quelque chose d'impossible à définir. Je suis cet écran sur lequel défile les choses diverses et changeantes, cet écran traversé de pensées, d'émotions, cet écran comme perché en haut d'un corps mais qui est aussi ce corps. Je suis Cela qui est donc TOUT ce qui défile sur cet écran. Lorsque cela s'apaise, que l'écran se vide que reste-t-il? Pas même rien. Il reste...

Débarrassez-vous de vos 
opinions, préjugés et théories,
jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.
Ensuite, débarrassez-vous de ce rien.
Mille chemins vers le zen - Robert Allen

Tout cela pour vous dire qu'il est fréquent de trouver des signes de l'Un en des endroits incongrus, là où vraiment on ne l'attendait pas. Cela peut être une enseigne de magasin, une publicité, un livre trouvé par hasard (.le hasard étant la science des ignorants, je ne sais plus qui a dit ça!), une rencontre durant laquelle soudain la conversation s'ouvre sur une véritable communion etc...

Lorsqu'on découvre cela, le monde devient comme un fruit mûr qu'on ouvre en deux. La dualité qui nous faisait vivre dans l'amertume devient la pulpe sucrée dans laquelle on goûte le noyau de l'être.La dualité devient un jeu auquel on ne croit plus. On comprend alors qu'il s'agit d'une partie de cache-cache avec l'Un dissimulé à la racine de soi. On déguste le monde (qui est soi ne l'oublions pas) avec une gratitude infini. C'est pourquoi le discours qui veut que l'on doit s'aimer d'abord pour aimer le monde, veut simplement signifier que le monde et moi sommes une seule et même chose. 

Aimer est un état avant même d'être un acte et, en temps qu'état, il n'a nul besoin d'objet.

Lorsque le regard s'ouvre sur le monde, lorsqu'on regarde le multiple à partir de l'Un, on découvre une capacité infinie d'amour qui peut dépasser toutes les formes existantes. Ces dernières deviennent comme un défi qu'il devient très facile de relever. La moindre fourmi, le moindre atome est une particule de l'Un. Tout ainsi prend la forme unique du sacré. 

Ce que l'on croyait divisé auparavant devient multiplié.

L'Un ne se divise pas; il se multiplie à l'infini et pourtant reste Un. Merveille des merveilles!

Bismillah Clip Art



                                                           1.  Dis: "Il est Dieu, Il est Un
                                                           2.  Dieu de plénitude
                                                           3.  qui n'engendra ni ne fut engendré
                                                           4.  et de qui n'est l'égal pas un.


Al Qur'an - Sourate 112 Al-Ihlas essai de traduction de Jacques Berque
(calligraphie Bismillah - Mohammed Ibrahim)






4 commentaires:

  1. Nous sommes dans la dualité (le "deux") et devons retrouver le chemin de l'unité fondamentale de toutes choses(de l'Un)...tu le dis magnifiquement bien dans ce texte.
    A tel point que je le redécouvre avec des yeux neufs. Merci !

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  2. C'est ce que je trouve aussi dans tes posts chère Licorne, cette unité sous-jacente qui se révèle!

    Bien à toi!

    :)

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  3. Vous le soulignez à juste titre, la désunion ou séparation diabolique est évoquée de façon très précise par le mot diable qui se compose du préfixe grec "dia": adverbe et préposition marquant une idée de séparation (voir ici : http://plato-dialogues.org/fr/tools/voc/dia.htm ) et du verbe grec "ballein" : jeter.
    Jeter de part et d'autre, disperser, désunir. C'est bien là un mensonge qui tient le monde aujourd'hui comme hier, et le diable demeure le maître de ce monde, c'est à dire le maître de notre regard tant que nous ne l'avons pas démasqué en écartant le voile trompeur qu'il place devant nos yeux.
    La quinzième lame du tarot, le Diable, semble bien rappeler cette tentation de la séparation et ce à quoi elle condamne lorsqu'on y succombe ou qu'on en demeure prisonnier.

    Amezeg

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  4. L'arcane du diable est en effet très explicite. Le personnage central, sorte de créature asexuée ou hermaphrodite (l'ange) tient dans une main une lame ou selon certaines version une torche. Il s'agit donc bien de Lucifer, porteur de lumière. Qui dit lumière, dit ombre. Donc inévitablement dualité. Tout comme le piège de la problématique bien et mal... A ses pieds, deux créatures mi bête mi humaines, féminine à gauche, masculin à droite, attachés au cou par une corde, les main dans le dos...le diable n'est-il pas celui qui inverse?
    Sortir du piège de la dualité exige donc un renversement...
    On retrouve ce personnage du diable perché sur la roue de la fortune. Le message est clair. Le diable domine jusqu'à ce que la roue Karmique cesse de tourner et que l'être revienne au centre, à l'un, immobile à la source de tout mouvement ou bien le contraire..
    Réunir les pôles opposés de l'être n'est-ce pas ce qu'on appelle la nouvelle alliance?
    Merci Amezeg

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