lundi 11 avril 2011

L'attention

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L'attention est un feu ardent dans lequel toute illusion est consumée. L'attention illumine les formes de l'intérieur et dévoile les veines du vivant sous la peau du monde. Chaque chose palpite. C'est comme tomber amoureux de l'univers entier...Quelle folie! Inconcevable. Et pourtant. Dans l'état d'amour, il n'y a aucun effort à contempler l'être aimé. Comme il n'y a aucun effort à contempler ce qui est. C'est simplement la meilleure chose à faire... être. 

L'attention est une disparition totale de tout ce qui n'est pas vivant. C'est la présence derrière l'absence. Le coeur battant sous la matière inerte.

Lorsque l'attention déploie ses ailes, je ne m'oublie pas; je reviens à moi ou à "soi" car le moi perd soudain ses anciennes limites. Il s'accorde avec l'instant, ce qui est là, les objets, les couleurs, les jeux d'ombre. Je suis tout cela. Il devient impersonnel. Ou plutôt, il ne s'appartient plus. Il se donne totalement et se reçoit.

Comment ai-je pu figer ce que je suis à autre chose qu'à ce renouveau, ce printemps perpétuel? 

Revenir à soi après une absence, après le bourdonnement des pensées, des détails, après le véritable oubli de soi. C'est une vieille habitude, une manie dont on prend conscience peu à peu. S'oublier...

On ressent bien un malaise vague, indéfinissable, diffus; mais cela aussi voltige dans l'oubli. Jusqu'à ce que la présence resurgisse, pure, claire, comme une eau jaillissante. Un feu implacable. 

Cela peut venir n'importe quand; ça vient comme ça, pour rien, ça répand un grand silence. Pas un silence triste, angoissant qui nous pousserait à le remplir de bruits de toutes sortes (pensées, télé, bruit de la ville...), un silence bruissant, qui chante. Nul autre endroit pour entendre cette oeuvre ailleurs qu'en soi. 

Quand ça vient ça ne s'oublie pas. L'oubli devient de plus en plus lourd et pénible. C'est comme découvrir qu'on peut voler et se contenter de ramper.

Et là commence alors la véritable quête. Avant, il n'y a rien. Juste un jeu de rôles qui n'en finit pas. 
Après, survient le choix d'être. Et l'indissociable recours à la vigilance. 

Une façon de ne pas laisser les braises s'éteindre à nouveau...

1 commentaire:

  1. Percevoir, ou faut-il dire : être la non-séparation... ?
    Vous l'exprimez si bien !! Merci :-)

    Et faire soigneusement le ménage dans sa "maison" pour que cette attention puisse y déployer sans encombre ses ailes de silence...

    Amezeg

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