jeudi 26 mai 2011

L'ange



Lire Cheminer avec l'ange de Annick de Souzenelle (écrit en collaboration avec Pierre-Yves Albrecht) me ramène à l'ange.

L'ange n'est pas une croyance, c'est un effleurement. Aucune importance d'y croire ou non. L'ange ne s'attache pas à nos croyances. Il s'attache à accomplir sa tâche, soumis et libre à la fois...

L'éveil n'a ni début ni fin. Mais dans ce brouillard de l'"avant", cette période qui précède ou prépare la combustion spontanée, je me souviens d'une femme qui m'avait reçue chez elle. Elle n'était ni voyante, ni médium, peut-être guérisseuse, je ne saurais dire. Elle recevait les gens par le bouche à oreille. Et j'ai atterri sur son canapé comme en psychanalyse avec au fond de moi l'impression d'avoir touché le fond. Qu'avais-je besoin  de guérir? Peut-on guérir de la vie? Comment la vie peut-elle être une maladie? Chaque jour, vivre dans un brouillard dense, en décalé, avec le crâne pris dans un bourdonnement incessant et confus de pensées... 
Avant d'entamer la séance, la guérisseuse (nommons-la ainsi) me déclara qu'elle commençait toujours par une prière silencieuse à l'archange Michaël. Je lui demanda alors - farcie que j'étais de lectures Nouvel Age...- si elle communiquait avec lui, si elle le canalisait ou quelque chose de ce genre...Elle me répéta qu'elle se contentait de penser silencieusement à l'archange face au petit autel orné d'images catholiques qui lui était consacré dans un coin de la pièce. Il n'y avait rien de folklorique ou étrange chez cette femme. La pièce était très modestement meublée, très neutre. Je me souviens l'avoir trouvée un peu simple...


Puis la séance a commencé. Cela fait sept ans maintenant. Ses questions étaient précises, concrètes et y répondre me faisait mal comme si je vivais ma vie de loin , que je ne voulais pas réellement la vivre. Je pleurais beaucoup et mes entrailles tremblaient comme si je lâchais quelque chose depuis longtemps retenu.

En même temps, une partie de moi raillait l'absurde de la situation. La guérisseuse avait des yeux perçants, verts qui m'effrayaient. Ils semblaient regarder en moi jusqu'à l'os; cela me mettait mal à l'aise car j'avais beaucoup de choses à cacher. A me cacher.
Avant de la quitter, la femme a plongé son regard dans le mien et a déclaré d'une voix appuyée: "tu es comme moi, tu ne le sais pas encore mais tu es comme moi."
Je me suis pressée de partir heureuse de pouvoir échapper à ces yeux verts...inhumains. Je ne l'ai jamais revue.


Mais l'ange m'a suivie. Aujourd'hui, je sais que ce regard, cette sensation d'être transpercée, mise à jour, était une rencontre avec l'ange. Tous les jours des signes évidents de sa présence. Une chanson quand on allume la radio, le nom d'une église, une multitude de choses   
inextricablement liées à l'ange. 

L'avez-vous déjà vu en train de terrasser le dragon, le Satan, l'adversaire? C'est exactement cela qu'il préparait pour moi. L'éveil s'est produit une nuit, au coeur de l'enfer. Je devais affronter le dragon. Et il était redoutable. Tant d'années à le fuir, l'avait rendu bien féroce. J'ai frôlé la mort. Mais l'ange est intervenu  afin que seul l'essentiel survive en moi...


J'ai plongé dans le vide total de l'être, là où il n'y a aucun refuge contre soi. Dans cette nuit intérieure que certains mystiques reconnaissent comme le nuage de l'inconnaissance parce qu'il se trouve au-delà de tout, au-delà même de toute idée de Dieu. Le Nul part, le Rien des physiciens...


L'ange m'y a poussée, habilement. Il a joué subtilement afin que je me dépouille de toutes ma carapace d'illusions. Je ne sais pas pourquoi. Mais je me souviens de sa phrase qui reste gravée en moi jusqu'à présent, et de ce regard vert, un regard de dragon: 



"Tu es comme moi, tu ne le sais pas encore mais tu es comme moi."

Selon une Tradition mystique très ancienne, au mont Moriah, au moment où Abraham allait porter sur Isaac le couteau du sacrifice, l'enfant eut une vision dans laquelle son âme vit le Saint, Béni Soit-Il, et les demeures de la Merkabah, les demeures du Trône divin.
Totalement ligoté dans son obéissance et sans doute terrorisé, ISaac fut précipité au fond de l'abîme, au coeur du "vide" de son être où est "scellée Bassar, la chair", son Bereshit!



A. de Souzenelle



0 échos:

Enregistrer un commentaire