(...) Dans l'inconscient collectif, la projection qui domine les femmes est une projection masculine. C'est comme si la féminité était réduite par le masculin, au masculin. (cf. Lacan disant:"la femme n'existe pas"...parce qu'elle ne peut être approchée qu'à partir du phallus, du masculin).
(...) Dans cet inconscient, le masculin, c'est à dire notre capacité à affirmer notre moi, est en inflation: il s'idolâtre lui-même aux dépends du féminin qu'il méprise et qui lui fait peur: il le réduit à l'expérience de l'angoisse, à la frustration et au ressentiment. C'est ainsi que dans l'histoire collective de l'humanité, le principe masculin de l'affirmation de moi se pose comme le refoulement du principe féminin de l'ouverture à autrui, et que, dès lors, l'amour, l'union harmonieuse du masculin et du féminin devient dans nos vies une quête désespérée et souvent impossible.
(...) A vrai dire nous sommes tous liés par une dette à la projection masculine de Qédar*.
Cette projection qui nous dit que le monde est noir et désespéré, qu'il faut nous méfier de l'amour. Nous payons en vérité un intérêt usuraire, exorbitant pour cette dette, cette projection, car, à force de la nourrir, de lui être fidèle, notre vie devient pesante et tragique.
C'est comme si nous devions toujours être redevable de cette projection reçue des générations passées et nous en acquitter en la transmettant aux générations futures.(Pierre Trigano & Agnès Vincent - Le Cantique des Cantiques ou la psychologie mystique des amants.)
Ce texte me renvoie à mon rêve intitulé les yeux bleus dans lequel il est effectivement question d'une dette transgénérationnelle du masculin.
Cette dernière semble acquittée symboliquement par la rencontre avec l'homme aux yeux bleus, l'ange, être asexué par excellence qui représente l'unification du masculin avec le féminin...
*Qédar: projection négative du masculin sur le féminin
Illustration: Magritte
Dans l'inconscient collectif s'est également déposée la trace de toutes les civilisations ou sociétés humaines matriarcales dont l'importance dans le temps de l'humanité est peut-être, qui sait, aussi grande ou plus grande que la trace laissée par les sociétés patriarcales. L'affirmation " Dans l'inconscient collectif, la projection qui domine les femmes est une projection masculine" n'emporte donc pas ma conviction. Le conscient collectif actuel est fortement marqué par les siècles de patriarcat qui ont prévalu en occident "ces derniers temps" mais à l'échelle de l'histoire humaine et à celle de l'inconscient collectif ces siècles sont peut-être assez peu de chose. (?)
RépondreSupprimer"cf. Lavan disant:"la femme n'existe pas"...parce qu'elle ne peut être approchée qu'à partir du phallus, du masculin". Ce Lavan est-il un auteur connu sous ce nom ou s'agit-il de Jacques Lacan, le célèbre psychanalyste freudien ?
Amezeg
Bonjour Amezeg,
RépondreSupprimerJe comprends que cette affirmation puisse sembler excessive, voire choquante:
"dans l'inconscient collectif, la projection qui domine les femmes est une projection masculine".
Nous sommes d'accord sur le fait des "derniers temps" au sujet de la projection consciente masculine évidentes... un exemple concret, le penchant nettement masculin des religions monothéistes (du moins dans la façon qu'elles ont été transmises donc conscientisées car si on se penche profondément dans les textes fondateurs, cette domination masculine est moins avérée...)
Vous évoquez les sociétés matriarcales antérieures, qui m'ont en tant que femme cherchant "à l'extérieur " d'elle-même ses valeurs féminines positives bien refoulées, longuement intéressées. Certaines féministes comme Beauvoir (dont je ne me sens nullement solidaire)se sont aussi appuyées sur ce passé édénique d'une fèminité dominante.
Dans ma recherche pourtant sincère (cette projection masculine dominante ne m'enchante pas plus que vous) je n'ai trouvé que le culte effectif de la déesse-mère qui nous renvoie à l'archétype dominant de la mère, définition de base du matriarcat (qui n'est nullement synonyme d'un règne généralisé d'une féminité positive de l'éros) comme seules preuves tangibles, il nous reste ces figurines féminines plutôt réduites à une paire de seins énormes et à un ventre proéminent... Ce n'est pas l'idée que je me fais d'une humanité libérée de sa matrice familiale et générationelle ;)
Aujourd'hui encore il existe des sociétés dont le système est effectivement matriarcal mais qui fonctionne parallèlement sur un systême consciemment et inconsciemment masculin.
Il existe bien sûr un culte de la déesse seul vestige probant hérité d'un passé lointain sans doute plus féminisé qui domine dans les cultes polythéistes mais si l'on se penche sur la question chaque Panthéon (égyptien, sumérien, grec..) est dominé par une figure masculine.
Ceci dit, dans un domaine plus ésotérique sans doute héritier, et conservateur, de cet ancien temps "féminin", il existe bien un culte de cette féminité enfouie germe de l'Homme accompli... Cultes d'Eleusis, Isis, etc.
Mais cela reste évidemment un phénomène marginal (qui me passionne...) qui a été perverti et étouffé par certaines sociétés secrètes plutôt porté sur le masculin...
Nous ne pouvons là faire l'économie du mythe de la "chute" qui à mon avis très personnel correspond à une rupture grave et évidente avec ce passé â dominante féminine selon moi encore antérieur même à ce matriarcat néolithique voire préhistorique qui n'en serait déjà qu'un vestige déformé.
Il y a eu il y a un temps indéterminé quelque chose qui s'est "renversé" (nous parlions du diable il y a peu...) et qui s'est infiltré de façon despotique dans le conscient et une grande partie de l'inconscient humain...
D'où mon titre de "mâle et fils"...
En parlant de "dette", les signes se révèlent aussi dans le systême bancaire qui domine ce monde actuellement...encore faut-il savoir regarder...
Pardonnez-moi ma faute de frappe: il s'agissait bien de Lacan...
Bien à vous,
Nout