Ma voix comme le grain divin semé sur ton cœur fraîchement labouré par la houe d’Enlil, seigneur du vent. Ma voix, semence verbe, dans ce giron virginal que tu m’offres, fille d’argile.
Je t’appelle de si loin, mon cri porté au fond de toi par le souffle des origines, faisant jaillir en toi les ramures de l’arbre céleste. L’arbre inversé nourri du soleil de tes entrailles, dont les racines en fleur parfument ton esprit.
Tu es l’eau pétrie de feu.
Tu es l'Isha
Toi, couronnée de remparts, répandant tes voiles verdoyants jusqu’aux plaines infinies de ton lit. Lit d’argent, d’où s’écoulait la liqueur de ta jouissance en mille canaux dans les replis de la terre, dans les royaumes de l’Apsû terrassé, devenu l’abîme des grandes eaux primordiales.
Toi dont le visage est un horizon tremblant cerné d’azur.
Tu m’as nourrie de ta brûlure. Tu m’as meurtrie de ta fièvre. Je porte en moi ta splendeur comme une cicatrice.
Je suis fille du feu. Mais ce feu qui m’a faite me dévore. Toute vie est une flamme qui se dévore elle-même et je contemple à présent ce grand brasier que toute l’eau des crues ne peut éteindre.
Permets-moi de rassembler les cendres de ma vie, de mouiller mes mains dans le fleuve des larmes pour lui donner un sens, une réponse au pourquoi éternel, d’un souffle lui donner corps et la rendre prête pour l’holocauste final.
Laisse ton cœur monter comme le fleuve à la saison des crues, laisse-le inonder de ses eaux les rives de l’oubli. Voila l’unique source du verbe. Un cœur saignant d’amour pour une terre aride.
Tu es la bien-aimée portée par les flots du déluge, portée jusqu’aux cieux déchirés de larmes, comme un flambeau.
O ma fleur de rédemption, chante la vie dans son naufrage sublime, chante-là jusqu’à ce que nos voix se brisent sur les écueils de l’infini voyage.
Dans la plaine fumante sous le bûcher du ciel. Je me souviens de toi, enfant, ce jour-là, le long du dieu fleuve, l'opulence de ce jour embrasé où s'immolait la terre, ces grands dattiers courbés comme des arcs, et ces bruits, ces grésillements sourds anéantis par la densité de l'air. L'air sec et pétrifié, caniculaire. Cette odeur forte, limoneuse.
Tout commence là…
Tes mots associés au chant de Natacha Atlas me transportent ailleurs, peut-être dans ce monde immaginal où se retrouvent les âmes en Feu.
RépondreSupprimerMerci c'est justement ce que j'espérais de ce partage...
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