Il y a une grande noblesse dans les choses les plus humbles, les tâches les plus petites, celles que l'on remarque à peine et qui pourtant donnent à la vie toute sa richesse.
La sagesse se cueille simplement, sans atours, dans le geste quotidien, celui que l'on fait tous les jours mais qui revient toujours neuf. Nous pouvons penser mille choses de ce geste, mais il doit être accompli encore. Et nous avons le choix de le voir tel qu'il est: unique. Ou de le penser.
Quel est ce miracle qui rend le semblable profondément nouveau?
Cuisiner, laver, plier, ranger, balayer, embrasser les enfants...Il y a un secret derrière ce labeur quotidien, ce travail minuscule, un secret de grandeur dans le simple fait de laver son assiettes, rincer ses casseroles, étendre son linge propre. Mais personne ne le dit.
On nous vend du plaisir, du facile, du rapide. On libère les femmes en les envoyant travailler "égales" aux hommes (à moindre coût), en laissant les familles se nourrir avec des plats tout prêts.
Choisir, laver, couper ses légumes, surveiller la cuisson...quelle gaspillage de minutes! Nous avons peu de temps. Nous devons courir vers la mort sans nous arrêter un instant, une seconde sur ce qui pourrait nous rendre éternellement vivants.
Chaque acte est propice à la délivrance, à l'ouverture. Le spirituel est pragmatique. Il se rencontre en écossant les haricots ou en faisant son lit. Il se trouve dans les cheveux de l'enfant qui écoute une histoire ou dans la solitude d'un café pris à l'aube, devant la fenêtre, face au ciel enflammé par le jour levant sur la ville. Le miracle attend d'être cueilli sans spectacle, sans témoin. Il n'a besoin de rien d'autre pour s'ouvrir qu'un regard printanier. Un regard neuf. Un regard de poète.
Ce regard n'est pas une vision. C'est une ouverture, une contemplation de l'être. Sans vague.
Avant la libération: couper le bois et porter l'eau.
Après la libération: couper le bois et porter l'eau.
Koan zen
La seule imperceptible différence: s'ouvrir.
"L'amour de soi naît dans un coeur enfantin. C'est un amour qui coule de source. Il va de l'enfance jusqu'à Dieu. Il va de l'enfance qui est la source, à Dieu qui est l'océan. Quant à la douceur de vivre, elle est inchangée avec les siècles. Elle est faite du calme d'un entretien, du repos d'un corps, d'une couleur d'un mois d'août. Elle est faite du pressentiment que l'on vivra toujours, dans l'instant même où l'on vit. L'amour de soi est le premier tressaillement du Dieu dans la jubilation d'un coeur. La douceur de vivre est l'avancée d’une vie éternelle dans la vie d'aujourd’hui."
RépondreSupprimerChristian Bobin (Le Très-Bas)
Un extrait qui va de soi..merci Frank l'âmi! :)
RépondreSupprimerSe fondre dans l'Image-Soi de chaque instant...Bien amicalement
RépondreSupprimerCe texte est très beau. Je reconnais dans ces mots ton Empereur, celui qui spiritualise si bien la matière ... Merci pour ce moment de grâce.
RépondreSupprimerj'aime bien l'idée (et en apparence, paradoxe) que le spirituel soit pragmatique... Le pragmatisme est souvent si "irreel" justement...
RépondreSupprimerPoser un regard d'amour sur tous et sur tout ce qui nous entoure.
RépondreSupprimerTout cela est très bien vu. Seule importe l'intention d'amour que l'on met dans nos actes... Belle et lumineuse journée à toi Nout. brigitte
RépondreSupprimer@ Phène: La rencontre de l'insaisissable au coeur du reflet...Cette quête qui nous relie. :)
RépondreSupprimer@Tempérance: Oui ma chère Tempérance, non seulement spiritualiser la matière mais saisir que la matière est avant tout spirituelle!
RépondreSupprimerJ'ai lu ton dernier article et nous sommes encore dans la même mouvance (sans le chercher). C'est très beau ce lien étroit entre nous qui ne nous sommes jamais croisées!
Bien à toi,
ton amie.
@jicky: C'est très vrai. Le pragmatisme (la réalité sans fioritures mentales) est parfois difficile à appréhender.
RépondreSupprimerL'appréhender est un long voyage ou je dirai plutôt une croissance...La réalité s'apprivoise avant d'être comprise.
Merci Jicky pour ta lecture, j'aime bien ta façon d'écrire sans détour... :)
@Fanfan: Le Regard naturel, dépouillé, simple est forcément un regard d'amour car il englobe tout sans tri sélectif! ;)
RépondreSupprimermerci pour le tien (de regard!)...
@Plumes d'anges: très bien "vu" en effet chère ange...douce journée à toi aussi! :)
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