Le baiser de Judas de Giotto (1304-1306) |
Ils envoyèrent auprès de Lui quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens, pour Le surprendre dans Ses paroles. Et ils vinrent Lui dire :
« Maître, nous savons que Vous êtes véridique, et que Vous n’avez souci de qui que ce soit ; car Vous ne considérez point l’apparence des personnes, mais Vous enseignez la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis de payer le tribut à César, ou ne le payerons-nous pas ? »
Connaissant leur hypocrisie, il leur dit :
« Pourquoi Me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, afin que je le voie. »
Ils lui en apportèrent un. Et il leur dit : « De qui est cette image et cette inscription ? »Ils Lui dirent : « De César ».
Jésus leur répondit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils étaient dans l’étonnement à Son sujet. » (Marc 12, 13-17)
Les Pharisiens et les Hérodiens (respectivement représentants de l’autorité religieuse et politique) veulent, dans ce passage de l'Évangile de Marc, semer la confusion et piéger Jésus dont la Parole inspirée par le Verbe recèle un grand pouvoir. Un pouvoir qui met en danger leur influence et leurs propagandes, ainsi que le grand profit (matériel ou politique qu’ils pourraient en tirer). Ce passage de l’Évangile est tout à fait d’actualité et je crois qu’il est de la plus haute importance d’en méditer chaque mot afin de bien en saisir la clé de délivrance que nous propose ici le Christ.
La ruse la plus répandue pour répandre la confusion et semer le doute dans les esprits est d’abord de s’adresser à l’ego et d’user de flatterie :
« Maître, nous savons que Vous êtes véridique, et que Vous n’avez souci de qui que ce soit ; car Vous ne considérez point l’apparence des personnes, mais Vous enseignez la voie de Dieu selon la vérité. »
Le meilleur mensonge est aussi celui qui contient une grande part de vérité car il devient ainsi beaucoup plus difficile de le réfuter. Dans cette phrase, les pharisiens semblent reprendre une vérité mais ils dévoilent (pour mettre Jésus à l'épreuve) en fait une grande incompréhension, une erreur spirituelle très répandue, qui consiste à confondre le détachement de l’ego et le rejet du monde matériel. Beaucoup ont interprété les enseignements de Jésus comme une invitation à considérer la matière, la chair, comme impure alors que par l’exemple même de sa vie, il révèle le potentiel de transcendance de toute incarnation. N’est-il pas le Verbe qui se fait Chair?…
« Ainsi, dans les premiers siècles, et dès le moment de la rédaction des Evangiles, l’affirmation de la réalité du corps entier du Christ est première. Sa négation est considérée comme l’essence de toutes les hérésies. Les hérétiques en effet commencent à poser que la chair est mauvaise ou purement animale, indigne de l’homme, et que le salut consiste à s’en débarrasser, ou du moins à l’élever de toutes les manières et par toutes sortes d’exercices au-dessus d’elle. »(J-Y Leloup, Jésus Marie-Madeleine et l’Incarnation)
La question survient donc inévitablement, comme un défi: "Est-il permis de payer le tribut à César, ou ne le payerons-nous pas ?"
La perversité consiste à piéger l'autre en utilisant ce en quoi il croit le plus; le diable ne cherche pas à nous tenter avec ce qui nous rebute ou ce qui nous laisse indifférent. Il utilise ce qui a une place de choix dans notre coeur ou du moins, ce qui nous permet de maintenir bien en place tous nos masques illusoires.
Il suffit de regarder les slogans des messages publicitaires, d'observer quelles sont les techniques utilisées pour appâter les gens, pour manipuler l'opinion...On nous caresse toujours dans le sens du poil.
En posant cette question, les pharisiens vont chercher à doublement piéger Jésus. D'une part en l'obligeant à trahir ses propres paroles (selon leurs interprétations erronées) qui prônent un détachement total de tout ce qui concerne le monde matériel; d'autre part en le poussant à se mettre à dos le pouvoir en place, si il ne veut pas se soumettre à ses lois en ne payant pas l'impôt.
« Pourquoi Me tentez-vous ?..."
Jésus est direct. Il agit selon sa Vérité. Il leur montre qu'il n'est pas dupe de leurs machinations en posant la question: Pourquoi me tentez-vous? sans attendre de réponse.
Apportez-moi un denier, afin que je le voie. »
Ils lui en apportèrent un. Et il leur dit : « De qui est cette image et cette inscription ? »Ils Lui dirent : « De César ».
Pourquoi Jésus demande à voir un denier? N'en a-t-il jamais vu? Ne sait-il pas que chaque pièce est estampillée de la marque de César?
En demandant ceci, Jésus propose à la fois un enseignement très profond et remet à sa place l'autorité de César. Il montre l'impermanence des choses, à quel point leur existence n'est liée qu'à notre perception: "afin que je la voie". En dehors de ma perception, le monde manifesté existe-t-il? A-t-il une réelle influence sur moi? Dois-je me plier à son autorité alors que sa réalité dépend uniquement de la manière dont je perçois les choses?
Puis Jésus enchaîne: « De qui est cette image et cette inscription ? ». Jésus est-il aveugle pour poser une telle question? Ne peut-il pas voir de lui-même?
En posant cette question, il met à son tour les questionneurs à l'épreuve. Il les mets face à leurs propres perceptions.
Il rend ainsi à César son véritable pouvoir: le pouvoir de l'illusion, de l'image. Celui qui se soumet à César ne se soumet qu'à une image, un reflet auquel il a décidé de croire par le seul biais de ses croyances et de ses perceptions. En réalité, l'être ne se soumet à rien d'autre qu'à ses propres illusions et croyances. Il est donc absolument libre.
C'est ainsi qu'en une phrase jésus disperse toute confusion. Il sépare le bon grain de l'ivraie. Il est venu non pas pour apporter la paix (c'est à dire la soumission confortable à nos propres illusions) mais l'épée qui sépare le faux du vrai.
Selon qui interprète sa réponse (l'ego ou le Soi c'est à dire l'Être libre), soit les pharisiens sont humiliés, soit l'être humain est libéré de lui-même. Jésus laisse la porte ouverte; il ne force pas mais donne le choix à l'être de Le suivre ou de suivre César...
Jésus leur répondit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils étaient dans l’étonnement à Son sujet. »
Jésus nous offre dans sa conclusion le choix de suivre la voie de la Vérité. Il nous veut éminament libre de Le suivre mais cette libération ne dépend que de nous. Il ne peut le faire à notre place; en s'adressant aux pharisiens, il s'adresse à ceux qui se sont englués dans les illusions aliénantes de l'ego, c'est à dire chacun de nous ("que celui qui n'a jamais péché..."). Il ne s'agit pas de rejeter la matière ou la chair (ce qui serait encore lui donner un "pouvoir") mais de se détacher des croyances que nous élaborons à partir de nos perceptions, nous éloignant ainsi de la pure réalité des choses. Se soumettre à ces illusions c'est se soumettre à l'impermanence des choses; tandis que ce soumettre à Dieu, c'est être réellement libre, et entrer dans l'éternité.
L'Évangile conclut par la stupeur des pharisiens pris à leur propre piège: "Et ils étaient dans l’étonnement à Son sujet."Tel est le tribu de ceux qui veulent semer le désordre et la confusion; ils ne font que se tromper eux-même...
Bonjour Nout,
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Si l'on cherche la Vérité, elle est forcément à l'intérieur de nous, mais voilà, encore faut-il l'entendre parce que la Vérité parle au fond de nous sans aucun bruit de parole. Ainsi, rechercher la Vérité, c'est rechercher forcément le silence, lui seul peut nous éloigner des paroles qui sont élaborées à partir de nos sens, et nous permettre de trouver la paix intérieure qui montre la voie, celle qui expose clairement la Parole.
Merci pour cet instant, avec toute ma sympathie, Jack.
Bonsoir Nout,
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup apprécié ce passage. Et ton commentaire est très éclairant sur la subtile réalité de l'être qui se partage entre l'homme libre et l'homme prisonnier de son Ego et des images (surface). Notons que Jesus en homme libre propose de suivre César ou de suivre Dieu et ne propose pas de le suivre lui car ce serait être à l'image des Pharisiens et des Hérodiens.
Bien amicalement, Oliver
« - Je suis Celui Qui a parlé par Jésus, Mon Second Fils, celui qui, après Élie, déjà glorifié, a renoncé au vœu d’Adam de dominer la terre et les nations pour le prix d’un tombeau glacé où M’attendre,
RépondreSupprimer- et qui fut plus glorifié encore. Celui que J’ai oint Moi-même. Celui dont J’ai effacé la tare à cause de ses exploits pour mettre ses pas dans Mes Pas, pour aimer Mon Peuple, en effaçant des registres de César son nom, et le nom de sa mère des registres du temple, pour qu’il n’ait plus de génération, pour que sa mère restât une jeune fille, qu’aucune inscription de fiançailles ne demeurât,
- pour l’enlever à tout ascendant et le faire entrer dans Ma Maison Royale, en faire un Dieu en le fondant en Moi sans retour
- comme l’argent s’allie à l’or pour former un miroir, qui serait plus éblouissant que mille soleils si Je n’y faisais passer Mon Souffle pour en ternir l’éclat et le rendre supportable aux anges et aux élus, Mon Souffle Que J’exhale pour Me rendre visible. »
L’Evangile donné à Arès
Bonsoir,
RépondreSupprimerJ'apprécie beaucoup, Nout, le commentaire que vous faites de cet échange entre le Christ et ses tentateurs. C'est, je trouve, d'une grande perspicacité et profondeur de vue.
Jack, j'aimerais vous demander si les rêves qui surviennent durant le sommeil et laissent un souvenir dans la conscience sont, à votre point de vue, parole ou silence.
Amicalement,
Amezeg
Bonjour Amezeg,
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Dans les rêves comme dans le réel, les paroles ne se privent pas de parler, et sans qu'on y prête attention, celles du silence viennent s'y glisser. Si ton esprit est suffisamment éveillé, il prendra soin de séparer l'ivraie du bon grain et en savourera ensuite toute l'essence.
Merci, avec toute ma sympathie, Jack.
Bonjour Nout,
RépondreSupprimerIl existe une version quelque peu différente où, à mon sens, la révélation de cette parabole se trouve dans le dernier vers.
La voici :
"Donnez à César ce qui est à César,
Donnez à Dieu ce qui est à Dieu,
et ce qui à moi, donnez-le-moi."
Bien amicalement
« L’Evangile donné à A qui ? »
RépondreSupprimerYark !!!!!!!
Pardon et Merci
M’Elodie la douceur
M’Elodie le veilleur
De mes laudes - Mes lodies –
« Laudes, signifie « les louanges » en latin
. C'est l'office de l'aurore, on rend grâce pour le jour qui se lève par des psaumes de louanges. »
Des Ps … des ps’haumes
Des ps’Hommes
Des ps’ Home
On se pomme et on se paume de fruits en choux
De Nout à NOUS :
D’où nous viennent nos prés- nos prêt- nos pr….. nos prénoms
ETC.
Moi, môa, c’est d’un Prévert pour une histoire personnelle.
A mille années et l’une et lune année lumière de tout ce tout
Ce qui se lit se lie ici
Et pourtant si proches et pourtant si lointain – loin teint –
--
Un infinie tendresse pour les veilleurs d’où qu’ils sèment
Ou croient ou croit – s’aimer -
Hors tous
Et en tous
--
taule errance -
De Nout à NOUS
Nous refleurissons ensemble
Hors les murs
Lémuriens
__ les lémurs ou les makis. Leurs têtes présentent un museau allongé et des gros yeux.
Sur le pommier sur paume-y- est
Dans le creux de nos mains –tout petit – il est né
--
De nos mains
Tendresse de moi et à tes proches prochain inconnus et lointains
Lise alias latululireli ;
Pardon et merci.
Joyeuses fêtes
--
joyeuses « faites ! »
merci PÉPITE
toute petite.
@Jack Maudelaire: en effet cher ami du silence, certaines paroles ne font que du bruit et d'autre sont nourries de silence, donc de Vérité. :)
RépondreSupprimer@Oliver: ta remarque est très juste, Jésus laisse être librement, comme l'adepte du Tao. ;)
@Amezeg: Je suis toujours heureuse de vous lire et de me savoir lue de vous. Merci pour votre présence amicale. :)
@Phène: en effet cette version ajoute et souligne la présence de Jésus en tant qu'éveilleur à l'unité entre les deux principes matière et esprit, séparables seulement du point de vue de l'ego. Jésus guide l'être vers l'Ordre principiel. A chacun d'accueillir cet Ordre en Soi... Merci Phène :)
@Lise: tes mots cousus d'or fin, d'or-fée, pas piqués des vers de peau-être, poète, peau et si mon coeur les reçoit comme un cas-Lise...graal des maux miroir entre nous-Nout. Tes mots qui font vibrer ma corde sang-cible. Bonnes "faites" à toi aussi! ;)
@Frank l'âmi : l'abus de paix intérieure est déconseillée pour la santé (de l'ego)! ;). :D