Le Livre sacré de l'Islam déclare que tout être célèbre les louanges de Dieu, "l'oiseau en étendant ses ailes, l'arbre en projetant son ombre", mais nous ne comprenons pas leur langage. La raison d'être de la Création, nous est-il encore rappelé, est l'adoration du Dieu Un.
Mais si la Création tout entière Le glorifie - c'est à dire fait acte d'islâm en obéissant à la loi de son être propre (la pierre tombe, le feu brûle, la planète tourne)-, seul l'homme est libre de prier.
En cela réside le tragique et la grandeur de sa condition. Son éminente dignité tient à la responsabilité qui lui est conférée de jouer le rôle de "lieutenant", de "calife" de Dieu sur la terre, de coopérer à l'oeuvre de Sa volonté sainte. Car la prière est aussi agir.
Extrait de "la prière en Islam" de Eva de Vitray-Meyerovitch
Extrait de "la prière en Islam" de Eva de Vitray-Meyerovitch
Chère Nouth
RépondreSupprimerLorsque le cerf est traqué dans une chasse à courre, celui-ci n'est-il pas en droit de prier Dieu pour qu'il lui trouve une cache sûre de l'autre côté de la rivière? Lorsqu'il traverse la rivière, ne prie-t-il pas pour ne pas être emporté par le courant? Tous les animaux de la création (y compris l'homme) sont reliés au "créateur" (je n'aime pas ce terme, car d'éternité, rien n'a été créé, mais seulement du vide qui s'est transformé). Il est vraisemblable que le Dieu du cerf soit un cerf avec de longs bois. L'homme n'a selon moi aucun privilège dans son rapport avec le divin. Pire, il n'écoute presque jamais sa nature divine qui lui recommande de se laisser porter par le non agir. Car ce que le divin recommande, il vaut mieux s'y conformer, la confirmation viendra après.
Je m'explique : le divin tend toujours vers l'équilibre originel du vide. Entendre la réponse à une prière, c'est obtenir du divin l'action juste qui nous apportera le réconfort de l'équilibre. On agit, le réconfort vient après.
En toute amitié, Oliver
Cher Oliver,
Supprimerj'ai commis un oubli: je n'ai pas cité l'auteure de ce texte. Voilà qui est rectifié.
[Lorsque le cerf est traqué dans une chasse à courre, celui-ci n'est-il pas en droit de prier Dieu pour qu'il lui trouve une cache sûre de l'autre côté de la rivière? Lorsqu'il traverse la rivière, ne prie-t-il pas pour ne pas être emporté par le courant? ]
Je crois que tu n'as pas compris ce que j'entends par "prière"; il ne s'agit pas d'une demande mais d'une forme d'adoration envers l'Un. Il suffit comme tu le dis d'être au plus près de sa nature. Ce que les animaux et tout l'univers font sans effort. Quant à l'homme cela semble plus compliqué; mais cela "semble" seulement.
Voici un autre extrait de ce même livre qui vient peu avant celui déjà cité et qui définit bien ce qu'est l'Islam:
"Qu'est-ce que l'Islam?
On pourrait répondre d'un seul mot: la "prière", à condition de l'entendre comme désignant, au-delà des actes cultuels, l'engagement de l'homme tout entier. Et telle est bien la signification du terme "islâm" qui provient du verbe "aslama": " s'en remettre, s'abandonner" (à Dieu).
L'étymologie se rattache également à la paix (salâm).
Ainsi se reconnaissent entre eux et se saluent les musulmans: "Que la paix soit avec toi!", cette remise confiante émane de la Paix et conduit à Elle."
L'équilibre c'est la paix. C'est être dans l'alignement de ce que tu nommes Tao et qui n'a pas de Nom.
Quelque chose de plus grand que "soi". Prier c'est aussi faire acte d'humilité.
Je n'ai pas bien compris ce que tu as voulu me dire ici:
[Je m'explique : le divin tend toujours vers l'équilibre originel du vide. Entendre la réponse à une prière, c'est obtenir du divin l'action juste qui nous apportera le réconfort de l'équilibre. On agit, le réconfort vient après.]
Veux-tu dire que la prière attend toujours une réponse?
Le réconfort et l'action ne peuvent-ils pas être simultanés?
merci à toi pour ce dialogue! :)
Bonsoir Nouth,
RépondreSupprimerCe que je veux dire concernant la Prière est la chose suivante :
Une prière qui demande au Divin une réalisation future est une forme de désir, elle risque d'être néfaste envers celui qui l'accomplie. L'adoration de l'Un est, tu le soulignes la "vraie" prière. Mais, il est un autre rapport au Divin, je veux parler de l'instant présent. L'homme qui vit le Tao (et vraisemblablement aussi celui qui vit l'Islam) a prit conscience que ni le passé, ni le futur n'avait de réelle existence, et que la vie dans le présent était le creuset de l'existence Divine. Cet homme ou cette femme abandonnent leur savoir pour celui du Divin. Un dialogue permanent s'instaure alors entre l'Un et l'individu. Souvent, je ne sais pourquoi j'accomplit tel ou tel acte, mais plus tard vient la récompense, l'explication de la volonté divine.
D'autre part Eva... met l'homme dans le rôle de lieutenant de Dieu. Il me semble que c'est bien là le comportement égotique de mes semblables. Un chien, un poisson, une fourmi ne sont pas seulement des bêtes a bon Dieu. Qui n'a jamais vu un chien dépressif, un chat jouer cruellement avec une souris, une fourmi bâtir une pyramide ? Non, toutes ces bêtes font parti de l'Un et l'Un se manifeste à elles comme à nous. Je suis persuadé que le point de vue de l'abeille qui butine les fleurs intéresse de près le grand tout !
J'aime bien l'idée de s'abandonner à Dieu. Et ce, comme tu le soulignes, en toute humilité.
Avec toute mon amitié, Oliver
Cher Oliver,
Supprimer[L'adoration de l'Un est, tu le soulignes la "vraie" prière. Mais, il est un autre rapport au Divin, je veux parler de l'instant présent. L'homme qui vit le Tao (et vraisemblablement aussi celui qui vit l'Islam) a prit conscience que ni le passé, ni le futur n'avait de réelle existence, et que la vie dans le présent était le creuset de l'existence Divine.]
Nous sommes bien d'accord. Ce présent que tu décris creuset du divin est peut-être ce que les Écritures nomment "éternité"?(c'est une suggestion)
[Cet homme ou cette femme abandonnent leur savoir pour celui du Divin. Un dialogue permanent s'instaure alors entre l'Un et l'individu.]
Ce geste d'abandon est un geste d'humilité. Il s'appuie sur le fait que:"je ne sais rien". Dans l'Islâm, Dieu est nommé l'omniscient; il sait Tout. Il embrasse tout (et pour ma part ce que Lao-Tseu nomme le Tao est Dieu). L'être qui prie, qui fait acte d'Islâm, admet que la véritable connaissance n'appartient qu'à Dieu. Seul Lui peut l'offrir comme une grâce.
On ne peut pas L'exiger de Lui; mais ce qui est dit c'est que celui qui fait un pas vers Lui, est mille fois récompensé. Cela doit se faire évidemment sans attente car comme tu l'exprimes, l'attente projetterait dans un futur qui n'appartient qu'à ce monde éphémère.
[D'autre part Eva... met l'homme dans le rôle de lieutenant de Dieu. Il me semble que c'est bien là le comportement égotique de mes semblables. Un chien, un poisson, une fourmi ne sont pas seulement des bêtes a bon Dieu. Qui n'a jamais vu un chien dépressif, un chat jouer cruellement avec une souris, une fourmi bâtir une pyramide ? Non, toutes ces bêtes font parti de l'Un et l'Un se manifeste à elles comme à nous. Je suis persuadé que le point de vue de l'abeille qui butine les fleurs intéresse de près le grand tout ! ]
Il ne faut pas considérer le terme "lieutenant" de Dieu comme un terme négatif et égotique. Ne pas le considérer avec la vision déformée que nous avons aujourd'hui des lieutenants de ce monde (qui sont en effet complètement asservis à l'ego).
Dans l'Islâm, le lieutenant est chargé d'une immense responsabilité; il est le gardien de cette nature prolifique, de sa beauté et des nourritures qu'elle prodigue.
Sommes-nous de bons lieutenants? Certes non...l'état du monde actuel en est la preuve. Mais le musulman se doit toujours de rester optimiste car il sait que nous sommes entre les mains de Dieu. Avec Son aide, en s'abandonnant à Lui, le miracle est à portée de nous.
Les bêtes sont en effet proches de nous mais elles n'ont pas la même conscience. Ce qui ne signifie pas que nous ayons une valeur supérieure auprès de l'Un. C'est notre conscience qui devrait justement nous pousser à prendre soin de ces trésors vivants...
merci Oliver! :)
Bonjour Nout,
SupprimerMoi j'aime bien l'idée que les animaux ont une conscience. En fait, nous ne le savons pas (on ne le sait même pas de son voisin...). Mais si notre mental est complexe, la conscience, elle, est simple vacuité. Je ne vois pas pourquoi les animaux seraient dépourvus de cette simple fonction qui nous lie avec l’Éternel.
merci à toi Nout ! :}
Salut Oliver,
SupprimerJe n'ai pas dit que les animaux n'ont pas de conscience, loin de là. Non je dis qu'elle est différente de la nôtre. Tout comme je crois que les végétaux ont une conscience, comme tout ce qui vit...mais comme tu le dis, ce sont des impressions et non des certitudes (comme pour le voisin! :D). Seul l’Éternel sait!
On peut dire que si les animaux et les arbres sont naturellement en prière puisque en parfaitement abandonnés à leur nature (donc reliés), les humains semblent avoir plus de mal...sauf quand ils suivent le mouvement...du Tao. Là ils deviennent de bons lieutenants, des gardiens amoureux du vivant!
Bonne soirée à toi!
Oui, la prière authentique est "l'agir" selon Sa volonté... Amicalement, Nout
RépondreSupprimerTrès bien résumé Phène, (donc bien médité ;) )! Merci à toi!
SupprimerLa fourmi et la cigale te souhaitent une belle soirée et une douce nuit :}
RépondreSupprimerA bientôt, ici ou ailleurs, Oliver