mercredi 18 mai 2011

Rituel



Je prends mon café tous les matins dans la même tasse.


Une tasse en porcelaine ébréché. J'en ai une autre sans défaut, d'un beau rouge, mais je préfère celle-ci. C'est ce défaut qui me plait. Cette brisure sur le rebord.

C'est devenu un rituel.
Je ne buvais jamais de café avant. Mais depuis deux ans, j'accomplis ce rituel debout dans la cuisine, face à la fenêtre. Chaque matin.
Voila deux ans, que je ne te vois plus...C'est toi qui m'a donné cette habitude de boire un café sans sucre, bien amer, le matin. Et ce que tu m'as donné, je l'ai pris sans condition. Follement. Voila deux ans que je peux seulement entendre ta voix, de loin, au téléphone, quand j'ai le courage de t'appeler. Ce n'est rien, pas grand-chose. Mais ça suffit. C'est assez douloureux. 
Tu voudrais que j'appelle plus souvent. Mais tous ces mots, tous ces mots que je ne dis pas m'étouffent. Je préfère le silence. Je ne suis pas douée pour dire ce que je porte. C'est trop grand pour moi; ça sonne faux quand je m'entends les dire. Tu vois, je préfère l'écrire tout en sachant que tu ne liras pas. Comment peut-on être si loin et si proche à la fois?

Je prends ce café tous les matins. Goûtant toute l'amertume du monde. Délectable amertume. Et cette tasse brisée qui n'en est que plus belle...





2 commentaires:

  1. Décidément ... Le silence et l'absence sont paradoxalement plus supportables qu'une proximité qui nous rappelle sans cesse, et cruellement, que ce que l'on aurait voulu vivre ne sera pas vécu. Peut-être dans une autre vie, déjà passée, ou à venir ? Le silence et l'absence n'empêche pas les âmes d'être connectées. Je le vis chaque jour depuis ... bientôt deux ans.
    Tu es un troublant miroir ma chère Nout !

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  2. Oui un troublant miroir qui donne parfois l'impression d'avoir franchi celui d'Alice, ou de passer dans la 4ème dimension (un sujet de blaque avec une amie...chaque fois que survenait une syncronicité étonnante, on chantonnait le générique de cette série... :) )
    Mais voila, la réalité est bien là, dans ce miracle permanent et non dans ce monde plat comme un écran de télé qu'on veut nous vendre...C'est toujours la Joie chevillée au coeur que je vis le bon et le moins bon... :)

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