dimanche 18 septembre 2011

Trialité


Au début du chemin (naissance corporelle), nous centrons notre existence à partir de ce que nous voyons, percevons de façon évidente par l'intermédiaire de nos sens communs.
Ce processus tout naturel est sans aucun doute le moyen pour l'être en devenir de s'adapter au monde dans lequel il débarque. La conscience s'attache à engranger le maximum d'informations sur ce qu'il perçoit de l'extérieur afin que l'être puisse se développer et parvenir à une certaine maîtrise du monde qui l'entoure, à s'auto-suffire. 

Notre vision du monde englobe alors tout ce que la mémoire enregistre durant les premières années.
Si tout ce que nous vivions restait au niveau de la conscience, elle serait vite saturée et ne remplirait plus sa fonction d'"éclaireur". Elle est en quelque sorte un faisceau que l'on dirige selon la direction que l'on veut prendre.

Or, ce dont la conscience n'a pas besoin, ce qui semble inutile à l'adaptation dans ce monde matériel, est refoulé dans les "sous-sols" de l'être. Ce "sous-sol" (que les philosophes puis les psy nomment l'inconscient) est situé de telle sorte qu'il ne puisse pas gêner le travail d'éclaireur de la conscience.
 Mais cette information doit bien aller quelque part puisque même reléguée dans ce sous-sol, elle reste quand même accessible... 

Cependant, plus l'être se développe, prend de l'assurance et s'habitue à ce monde, plus il oublie ce refouloir, anti-chambre de ses profondeurs,  bien pratique mais qui n'en reste pas moins réel. Plus il l'oublie et plus il se coupe d'une part de lui-même, ce dont il a du mal à se rendre compte puisqu'il s'est habitué à cette idée qu'il faut voir pour croire...
Ce lieu d'oubli, cet inconscient ne contient pas seulement les informations à recycler (parce que douloureuses ou incomprises par le mental). Il contient forcément TOUT ce qui n'est pas focalisé par la conscience depuis la naissance et sans doute bien avant. Donc il contient aussi des informations qui ne sont jamais passées sous le faisceau conscient durant la vie corporelle

Cet inconscient semble donc être un contenant. Mais une fois vidé de son contenu, qu'est-il?

On peut dire que le spirituel n'est pas le plus essentiel à développer dans les premières années humaines. Il faut apprendre à tenir debout, se nourrir, communiquer...beaucoup de choses basées sur le simple fonctionnement du corps qui nous rendent dépendants de la matière, des parents physiologiques. Mais arrivée à maturité, le corps n'a plus besoin d'apprentissages ni de ses parents. C'est le psychisme qui prend alors le relais et doit arriver à se développer assez pour que l'être puisse créer des liens harmonieux avec son entourage, avec le monde en général. Les parents doivent être alors intériorisés...

C'est une seconde naissance à partir de laquelle l'être doit se positionner, trouver sa place unique au coeur de l'univers vivant. Il doit arriver à cerner ce qui fait de lui un être différent des autres donc irremplaçable, il doit accéder à son identité propre et se libérer de toutes les projections, les transferts qui lui ont caché son véritable moi.
Beaucoup d'êtres restent mort-nés à ce niveau du développement humain. Certains restent cantonnés au stade du développement corporel, ne centrant leur identité qu'à partir de ce corps sur lequel ils misent toute leur existence. Leur conscience ne perçoit que les apparences, les formes, les contours mais ne perce jamais plus loin.
D'autres encore nombreux, dépassant le stade corporel, ne parviennent pas à se détacher des fausses identités qu'ils ont accumulées au fil de projections plus ou moins conscientes. Ils se contentent d'être des reflets, des ersatz de leurs propres parents, ou de gens qui les ont marqués émotionnellement (négativement ou positivement puisqu'à ce stade il n'y a aucune conscience vrai du Bien et du Mal), sans jamais chercher ce qui fait d'eux l'Être unique. Ils restent prisonniers du cercle sans fin, de la répétition. Leur conscience ne focalisant que sur ce qu'il croient être, ce qui selon eux fonde toute leur identité.
L'être est comme une balle dans un jeu de tennis de table. Il ne cesse de rebondir d'une idée à l'autre, d'un reflet à l'autre, sans se trouver lui-même. C'est ce qu'on appelle la dualité. 
A ce niveau, l'être est un inconnu pour lui-même donc pour autrui; il n'est que réactivité dans l'impossible d'agir en toute conscience. Il est téléguidé par les idées qu'il a lu, la morale qu'on lui a appris, les comportements qu'il a mémorisé et bien d'autres choses encore. Il flotte à la surface du monde comme un bouchon ballotté par le courant.

Si le développement du stade psychique est dépassé, même à moindre niveau, survient dans la vie de l'être humain un nouveau potentiel à développer, une nouvelle naissance: le niveau spirituel. L'être n'a alors plus besoin de références  pour se situer ou pour situer l'autre. Il se connait. Sa conscience le contient à 360° et ne focalise plus seulement sur une toute petite partie de l'existence. Sa perception ne se cantonne plus à celle du corps mais à de nouveaux sens qui semblent se développer au fur et à mesure qu'il découvre ce niveau. Il accèdent à une réalité qui ne se limite plus aux trois dimensions de la matière. 
Ce niveau contient comme les précédents des étapes  franchir. L'Être expérimente alors la non-dualité, ce sentiment d'unité totale avec tout ce qui est,  mais il doit prendre garde à ne pas en faire un nouveau dogme et de rester bloqué à cette seule étape. La dualité puis la non-dualité sont des étapes nécessaires pour accéder à la trialité qui est paradoxalement une unité (Trinité). La conscience est maîtrisée, c'est à dire qu'elle peut passer du 360° au 1° instantanément, focaliser lorsque nécessaire et pouvoir revenir à la totalité. La morale ne vient plus de l'extérieur mais devient une expression toute naturelle du Centre ou du Soi. Les choses (extérieures et intérieures puisqu'à ce stade les deux sont un) se mettent en place d'elles-même contribuant au développement de l'être vers...l'inconnu. 

Nul ne sait ce qu'il y a au-delà. Peut-être d'autres naissances encore, peut-être ce que l'on nomme Dieu, Nirvana, l'Aïn Soph de l'arbre des Sephiroth...


Pour exprimer ces trois naissances, je me suis inspirés d'un schéma de Thomas Harding trouvé dans la revue 3ème Millénaire n°83:




Le schéma que j'ai dessiné au début de l'article est non exhaustif est peut être complété. Il est l'expression de ma compréhension actuelle qui peut illustrer plus clairement ce que j'entends par "masculin" et "féminin". 
La relecture de mon article guérir le mâle peut être éventuellement éclairé par ce schéma. La conscience (masculin) n'est-elle pas ce qui permet de mettre en lumière l'inconscient (féminin) ce qui est caché? Cette conscience qui en s'abandonnant s'ouvre, se déploie, se relie à ce qui remonte naturellement de sa part cachée et parvient à délivrer des potentiels en soi insoupçonnés. Le masculin et le féminin s'interpénètrent mais parfois la conscience en se focalisant sur l'extérieur l'occulte. Dès que la conscience se retourne vers l'intériorité, l'être s'enrichit alors de ce qui lui manquait: sa moitié en quelque sorte...

Le mot "trialité" m'est venu instinctivement en méditant sur le symbole de la madorle donc n'y cherchez aucune référence à quoique ce soit d'autre.

Le travail de lecture des rêves nocturnes n'est-il pas une mise en conscience de ce que l'inconscient tente de révéler? Il y a, chez l'être qui a entrepris cette dialectique entre conscience et inconscient, une Reliance qui peu à peu s’effectue d'elle-même et permet de Vivre cette unité retrouvée.



I'm trav'lin' light
Because my man has gone
And from now on
I'm trav'lin' light

He said goodbye
And took my heart away
So from today
I'm trav'lin' light

No one to see
I'm free as the breeze
No one but me
And my memories

Some lucky night
He may come back again
But until then
I'm trav'lin' light

{instrumental break}

No one to see
I'm free as the breeze
No one but me
And my memories

Some lucky night
He may come back again
But until then
I'm trav'lin' light

I'm trav'lin' light

I'm trav'lin' light

I'm trav'lin' light

6 commentaires:

  1. "Trialité", pourquoi pas...l'unité se déploie dans la dualité puis réintègre son propre sein, en une ondulation perpétuellement douce et paisible, et ce mouvement subtil s'inscrit lui-même dans le Un, qui contient aussi bien l'unité que la dualité. Ce que je viens d'écrire ne me plait pas trop, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour tenter d'exprimer verbalement l'intuition vivante que ton texte à fait naître...

    RépondreSupprimer
  2. Voyager léger, en n'emportant que sa simplicité, sa vulnérabilité, que souhaiter de plus...(je rajoute cela après avoir écouté Billie!)

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Michel!

    Tu as de toute évidence bien compris mon message ("trialité" et musical!!!)...Nous sommes sur la même longueur d'ondes... :)

    RépondreSupprimer
  4. « Le schéma que j'ai dessiné au début de l'article est non exhaustif est peut être complété. Il est l'expression de ma compréhension actuelle qui peut illustrer plus clairement ce que j'entends par "masculin" et "féminin". » (Nout)

    C’est en effet assez explicite. Ce schéma me rappelle l’union du Yin et du Yang représentée dans la figure du Tai Ki ou Taijitu (http://fr.wikipedia.org/wiki/Yin_et_yang).

    D’autre part, si vous consultez le Yi King, vous découvrirez des correspondances intéressantes avec votre point de vue en lisant ce qui se rapporte au premier et au deuxième hexagramme de ce livre de sagesse *: 1- Le Créateur, le Ciel , 2- Le Réceptif, la Terre
    Le texte se rapportant à l’hexagramme 11. T’ai / La Paix est également très éloquent http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=11 :

    T'ai / Paix
    En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
    En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.
    Le réceptif, dont le mouvement est dirigé vers le bas, est au-dessus; le créateur, dont le mouvement tend vers le haut, est au-dessous. Leurs influences se rencontrent donc et sont en harmonie, si bien que tous les êtres s'épanouissent et prospèrent.
    ................................................L'hexagramme indique la présence dans la nature d'une ère où le ciel est en quelque sorte sur la terre. Le ciel s'est placé sous la terre. Ainsi les deux principes unissent leurs vertus dans une harmonie intime. Il naît de là paix et bénédiction pour tous les êtres.
    ................................................A l'intérieur, au centre, à la place décisive, se trouve l'élément lumineux ; l'élément obscur est à l'extérieur. Ainsi le principe lumineux exerce une influence créatrice et le principe obscur garde une attitude soumise. De la sorte les deux parties reçoivent leur dû.
    ................................................
    La Paix signifie l’union, la liaison.
    Le mot chinois T’ai n’est pas facile à traduire. Il signifie contentement, calme, paix, et cela au sens d’une union complète et sans entraves qui produit une époque de floraison et de grandeur. La direction du trigramme inférieur K’ien tend vers le haut, celle du trigramme supérieur K’ouen vers le bas ; ils vont donc à la rencontre l’un de l’autre.


    Amezeg

    * Yi King – version allemande de Richard Wilhem, traduction française par Étienne Perrot – Éditions Librairie de Médicis

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour Amezeg,

    Je vous remercie beaucoup pour cet apport précieux à ma recherche intérieure.
    Nous avons là semble-t-il un exemple de l'universalité des informations que portent notre inconscient, le fameux inconscient collectif de Jung... :)

    Cet union entre les eaux d'en haut et les eaux d'en bas (terre et ciel) se retrouve dans de nombreuses traditions dont la plus ancienne connue si je ne me trompe est la cosmogonie mésopotamienne l'Enuma Elish:

    http://leveildenout.blogspot.com/2006/12/cosmologie-mesopotamienne-enuma-elish.html

    "Lorsque là-haut le ciel n'avait pas encore de nom,
    Et qu'Ici-bas la terre ferme n'avait pas de nom,
    Seuls Apsû-le premier, (eaux douces) le progéniteur, et
    Tiamât, (eaux salées) la génitrice qui les enfantera tous,
    Mélaient en un seul tout leurs eaux :
    Ni bancs de roseaux n'y étaient encore agglomérés,
    Ni cannaies n'y étaient discernables.
    Des dieux nul n'était encore apparu, ils n'étaient ni appelés de noms ni lotis de destins."

    Quand j'ai vécu cette unité intérieure, j'ai reconnu en chaque cosmogonie un mythe contant la racine même de l'être et non pas comme dans l'extériorité (voir l'interprétation erronée de la Genèse) une simple évocation du début temporel de l'humanité.

    Comme Jung l'a découvert (et d'autres avant lui mais de façon moins "consciente") tous ces mythes parlent de SOI...

    Je reviendrais certainement sur cette histoires des eaux d'en haut et d'en bas qui se rejoignent pour donner naissance à l'ordre monde (intérieur) c'est à dire à un intérieur équilibré réunifié donc - comme l'article Shalom l'exprimait (http://leveildenout.blogspot.com/2011/08/shalom.html) concernant le Cantique des Cantiques et votre extrait très éclairant du Yi-King - qui conduit vers la paix.

    Comme à votre habitude Amezeg, vos interventions d'une grande finesse (révélant une grande capacité d'écoute ou...de lecture :) ou du moins un sens de l'observation bien affûté) déclenchent dans mon esprit des associations d'idées très fertiles qui soulèvent de nouveaux voiles...

    :)

    RépondreSupprimer
  6. Passante,
    Je passe et je m'attarde, j'explore un peu, ton blog et très riche Nout,
    il me "parle" bien, merci pour cela ;)

    RépondreSupprimer