lundi 16 janvier 2012

Au commencement...

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En archè, au commencement, au principe, à l'origine, au fondement, à la source, en tête...

Quel  mot choisir pour traduire cet archè, ce béréshit - premier mot de toute genèse? Qu'en est-il du commencement?

Quel était notre visage avant notre naissance?
La question de l'origine est la plus fondamentale de l'homme, elle l'oblige aux racines; elle le force à l'identification: quel est le lieu d'où tu viens? il faut question garder du premier au dernier souffle, car connaître son origine, c'est aussi connaître sa fin, ce pour quoi nous sommes faits.
Au commencement, il y a un programme, un projet, une destination, une destinée; mais de quel commencement s'agit-il?
S'agit-il des débuts du Temps, de l'Autrefois?
Au commencement, c'est d'abord cela: le commencement du monde, de cet espace-temps. Certains se poseront alors la question: mais qu'y avait-il avant ce commencement, "car de rien, rien ne peut sortir"?
A cela les Rabbins font finement remarquer la lettre beth, de bereshit, première lettre par laquelle s'ouvre la Bible et le Prologue, s'il était écrit en hébreu, avant beth: il y a aleph.
Cet aleph, la pemière lettre de l'alphabet, est le symbole de Dieu dans son Unité, son Aséité; beth, la seconde, symbolisera la dualité.
Ainsi, bereshit, en archè =au commencement, c'est l'entrée dans le monde de la dualité, de la temporalité. C'est le commencement de ce qui doit finir, le monde composé qui doit se décomposer, le monde de l'entropie ou encore, pour reprendre le mot de Paul: "ce monde tel que vous le voyez, ce monde qui est entrain de disparaître..."

Avant le commencement, il y a l'"aleph", le mystère de cette liberté "qui est" et qui fait qu'il y a quelque chose plutôt que rien...

Qu'y a-t-il au commencement? La question peut aussi se poser d'une autre manière, plus subjective: qu'y at-t-il au commencement de nos actes, à la source de nos pensées? de nos émotions? de nos sentiments?

Qu'est-ce qui est au commencement d'un amour, d'un rêve? Qu'est-ce qui est à la source d'une pulsion, d'un cri, d'une angoisse?

Se tenir dans la proximité de l'origine aiguise la conscience et nous ramène au présent, car le commencement n'est peut-être pas à chercher hier, autrefois, mais ici et maintenant. Qu'est-ce qui nous pose dans l'Être en cet instant? Qui, en nous, pose cette question?

Voir toute chose, dans son origine, dans son commencement, nous met en fraternité avec les vivants; l'arbre, l'étoile, l'oiseau nous sont étrangers parce que nous les percevons en dehors de l'origine qui nous est commune.

Boire à la Source de tout ce qui vit et respire élargit le coeur et fait gronder le sang en écho de toutes les sèves du monde. Se tenir dans la proximité des commencements, c'est se rendre infiniment proche de ce qui fait être l'unité et la multitude des "étants".

L'Évangile de Jean commenté et traduit par Jean-Yves Leloup, éditions Albin Michel.


Accepter de faire de chaque jour, chaque instant, une page blanche
Accepter de faire de chaque souffle un nouveau poème




2 commentaires:

  1. Ce texte de J.Y.L. est magnifique, amplifié par le choix pertinent de la musique ;) ! Personnellement je n'aime rien tant que la magie des commencements, où tout est promesse, suspendu dans la pureté du présent, où l'inconnu nous taraude, mais quand on y pense, c'est si délicieux que l'on voudrait que tout ne soit qu'un éternel commencement ...

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  2. N'est-ce pas? Et si tout n'était qu'un éternel commencement...je veux dire et si le principe même du créateur que nous sommes, faits à l'image de Dieu,n'est-il pas de toujours rechercher ce commencement en tout?

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