mardi 19 juillet 2011

S'égarer









Le premier temps de la vie d'une personne qui mûrit bien est d'accéder à l'égo et le deuxième temps - la boucle est bouclée - est d'y renoncer. Un enfant ne se développe que si il résiste à ses parents; lorsqu'il lutte contre ses parents, qu'il s'éloigne d'eux,qu'il s'oppose à eux, il accède à son propre égo individuel. S'il continue à s'accrocher à ses parents, à leur obéir, il ne sera jamais un individu à part entière. Il doit s'égarer, c'est à cela qu'est destinée la vie.

Il lui faut devenir indépendant, et il y a de la souffrance à devenir indépendant. Il y a lutte; et vous ne pouvez lutter que si vous sentez que vous êtes.

C'est un cycle: si vous sentez que vous êtes, vous pouvez lutter davantage; si vous luttez davantage, vous êtes de plus en plus, vous sentez : "Je suis". L'enfant parvient à la maturité lorsqu'il devient totalement indépendant. A cause de cette indépendance, il s'égarera.

Osho - Évangile de Saint Thomas


J'ai choisi ce passage car il évoque de façon éclatante une période de ma vie. J'ai eu très tôt un esprit rebelle et j'ai rencontré pas mal d'obstacles qui ont mis cette faculté à l'épreuve.

L'obstacle le plus coriace étant celui qui se dresse à l'intérieur de soi, celui qui est à l'origine de tous les autres. C'est aussi le plus sournois, celui que l'on dit inconscient car il implique pour être surmonté qu'un partie de soi soit vaincue, sacrifiée.
Dans la Tradition islamique, cette guerre intérieure est appelée le Djihad; c'est la lutte entre la part rebelle, cette part qui sait que ce monde n'est pas la réalité ultime, et la part conformiste de l'être, notre petit côté mouton.

Cette dernière part de soi cherche avant tout la paix, la tranquillité. Non pas la Paix intérieure, cette unité profonde, mais une paix apparente, extérieure, en conformité avec ce que la société (troupeau de moutons bien-pensant), attend de nous.

Souvenez-vous Jésus dit:

Sans doute, les hommes pensent-ils que je suis venu apporter la paix sur le monde,
Ils ne savent pas
que je suis venu semer la discorde sur la terre,
le feu, l'épée, la guerre.


Jésus évidemment ne dit pas qu'il veut qu'on fasse la guerre en son nom, que les hommes s'entretuent ou propagent des massacres; nombreux sont ceux qui ont interprété ainsi ses Paroles et Jésus savait comment est la nature humaine. Sa Parole devait aussi être prophétique...

Mais les enseignements de Jésus concernaient l'intériorité de l'individu, la brebis égarée et non le troupeau entier. Seuls ceux qui n'agissent qu'en "troupeau" l'ont interprété ainsi. Jésus s'adresse à l'être intime, cette terre qui attend la semence pour donner ses fruits...

La part de soi qui cherche la paix extérieure, superficielle, est le véritable adversaire à combattre, le diabôlo. Cette part ignore les richesses intérieures et c'est elle qui nous pousse à convoiter les richesses extérieures du monde matériel.

La part rebelle a l'intuition que la véritable richesse est ailleurs que dans ce monde-ci. Elle semble une éternelle insatisfaite. Elle nous pousse à nos derniers retranchement dans des situations propices à la souffrance qui nous labourent, retournent notre terre intérieure. Elle nous pousse parfois à l'erreur, réouvre nos blessures les plus profondes; la révolution intérieure est à ce prix.

C'est au cœur de cette guerre intérieure qu'il faut déployer toute sa vigilance car sur cette terre labourée, nourrie du sang de tout ce qui doit mourir en soi, il nous faut semer la bonne graine. La minuscule graine qui va donner un arbre assez grand pour abriter tous les oiseaux du ciel...

3 commentaires:

  1. La route est longue et tortueuse... mais la route est là, elle nous appartient. Il y a des fois où je me sens fatiguée, où j'ai l'impression d'être seule, mais une force invisible a l'air de me dire... continue, la route est splendide, elle t'appartiendra toujours ! Bises à toi. brigitte

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  2. J'avais laissé un (long) commentaire ici...mais je vois qu'il s'est "envolé"... :-)
    Je vais le laisser là où il est et juste te dire que ce livre d'Osho m'avait, moi aussi, beaucoup marquée quand je l'ai lu...

    S'égarer pour mieux se trouver, c'est toute l'histoire du Fils Prodigue, histoire qu'il faut lire, non comme une histoire individuelle, mais comme l'histoire de l'humanité tout entière, humanité qui se "perd" et "tombe" bien bas pour mieux comprendre que sa place est "près du Père"...

    C'est quand il s'en va qu'on reconnaît le bonheur, et c'est dans le noir, quand on l'a perdue, qu'on recherche la lumière...

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  3. @ Plumes d'ange: la route est là, à chaque instant, nous offrant la possibilité de trancher avec l'épée de Jésus: séparer le bon grain de l'ivraie...la vision du mental du Voir pur, innocent.
    Bon repos à toi!

    @ Licorne: En effet, tes mots m'inspirent beaucoup de choses aussi. Je lis Osho pour la deuxième fois mais c'est comme si c'était la première.
    En parallèle, je lis "la révolution du silence" de Krishnamurti et les deux semblent se répondre, m'enseigner, nourrir la faim présente.
    La parabole du fils prodigue peut convenir pour le tout comme pour l'individuel. C'est ce qui fait la force des paraboles de Jésus. Elles touchent toutes les dimensions de l'être.
    Le monde de surface, celui du mental, ne peut nourrir ce qu'il ne peut atteindre. C'est la réalisation de cela, après d'âpres souffrances, de cuisants échecs, que le fils prodigue, c'est à dire chacun de nous, arrive à maturation et revient au père, c'est à dite "devient" le père, change radicalement sa façon de regarder le monde...
    À n'importe quel moment de la vie, nous redevenons ce fils prodigue, dès que nous cautionnons le mental, dès que nous faisons de sa vision divisée (parfois de façon très subtile) une représentation de la vérité...Là nous nous perdons dans les méandres de ce que certains nomment la dualitè, la maya qui n'est illusion que parce qu'elle est totalement incapable de donner ne serait-ce qu' un avant goût de la réalité.

    La vérité est le seul but vers lequel nous devons tendre. Le bonheur, comme dit Osho, n'en est qu'un sous-produit...

    Merci Licorne pour cet enrichissement mutuel! :-)

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