Lamassu (Louvres) |
Rêve du week-end dernier:
Nous sommes en cours de sciences naturelles. La prof nous demande pour la prochaine fois que les enfants (chaque élève est accompagné de son enfant) apportent en cours le cadavre de leur animal de compagnie. Elle explique que nous devrons "regarder par le fondement"(!) à l'intérieur du corps.
L'image survient alors. Je regarde à l'intérieur d'un animal (par l'arrière du corps...restons poli) et je vois...le vide. Il n'y a plus que la peau et à l'intérieur il ne reste qu'un vide.
Je dis à la prof que ça risque d'être traumatisant pour les enfants d'avoir une telle approche de leur animal de compagnie mort. Mais elle semble ne pas s'en inquiéter et semble blasée. Elle sait que c'est une étape nécessaire à la compréhension.
La part animale, le fondement animal, est largement représenté à travers de nombreux mythes. De nombreuses créatures fantastiques présentent ce "fondement animal" en complément de leur part humaine.
La recherche de cette animalité m'a conduit étrangement à m'interroger sur les origines de l'ange.
L'ange semble être l'antithèse même de l'animal. Mais si nous regardons ces anciennes figures telles les Lamassu (créatures à torse humain ailées au fondement de taureau), on s'aperçoit que le mot même de Cherubin est inspiré de ces créatures assyriennes:
"Le mot chérubin vient du latin ecclésiastique cherub (pluriel cherubin), transcription de l'hébreuכרוב (kerūb), pluriel כרובים (kerubīm). Mais le terme serait d'origine assyrienne. Dans cette langue « kéroub » ou « karibu » signifierait « celui qui prie » ou « celui qui communique »1. En Assyrie, Le taureau ailé ou « kéroub » était souvent placé au seuil des temples et des palais2."(wikipedia)
Oedipe et le Sphinx - Gustave Moreau |
Ces êtres mi-homme mi-bête (et qui semblent avoir inspiré le Minotaure du Labyrinthe) sont les gardiens du passage puisqu'on les retrouve souvent de part et d'autres des portes des villes et des temples (dont le temple de Salomon). Selon les croyances de l'époque, chaque être humain serait "guidé" par une entité femelle et une entité mâle (Lamassu et Shedu personnifiant sans doute les deux pôles de l'être), selon le même principe que l'ange gardien judéo-chrétien. Comme si le corps, l'incarnation était en soi un "passage", une porte à franchir...
On remarquera l'air de rien qu'à partir de la renaissance (qui est en réalité une mort) ces chérubins prendront soudain l'apparence d'angelots joufflus, figuration quand même bien éloignée de nos "barbus" assyriens. L'animalité encore très présente durant l'époque médiévale tend à être complètement refoulé voire interdite (diabolisée) à partir de cette époque.
L'animalité de ces créatures peut être révélées par un fondement de taureau mais aussi comme pour le sphinx par celui d'un lion. Le symbole de l'aigle étant en quelque sorte suggéré par les ailes déployées.
Ce qui me permet d'introduire l'arcane du Tarot de Marseille: le Monde. Vingt-et-unième et dernière arcane avant celle du Mat (arcane sans nombre à moins que le zéro y soit sous-entendu...) qui est donc une représentation d'un accomplissement de l'être, une Unité atteinte au bout du chemin initiatique (qui en lui-même n'a pas de fin).
On y retrouve bien l'ange et l'aigle dans la partie haute, ainsi que dans le "fondement" le taureau et le lion. Au centre se trouve la Mandorle dans laquelle une figure féminine se tient dans une position qui n'est pas sans rappeler celle du dieu grec hermès.
Peut-être aussi une allusion à Hermès Trismégiste...Il existe une polémique au sujet de l'arcane du monde dont le sujet central est une femme. Certains prétendent qu'à l'origine, il devait s'agir d'un homme mais rien n'est sûr puisque l'origine même du tarot reste un mystère.
Mais regardons cela d'un oeil ouvert, dégagé des principes duels. Pour qu'un homme soit accompli à l'image de Jésus (souvent représenté dans une Mandorle), ne faut-il pas qu'il aie intégré son pôle féminin?
"Si vous transcendez l'animalité, votre divinité sera quelque chose d'authentique, mais la transcender veut dire l'accepter, la vivre avec vigilance, ne pas vous y perdre, la vivre et la dépasser. La renier signifie ne jamais y pénétrer, ne jamais y passer, simplement la contourner. Dans la vie, rien ne peut être contourné; et si vous contournez quoi que ce soit, vous restez toujours immature, puéril, vous ne serez jamais un adulte.
La vie doit être vécue - alors seulement vous croissez." (Osho - L’Évangile de Saint-Thomas)
La Croix rouge - E.P. de Morgan |
Simon Pierre leur dit:
Que Marie sorte parmi nous,
parce que les femmes ne sont pas digne de la vie.
Jésus dit:
Voici que je la guiderai afin de la faire mâle,
pour qu'elle soit, elle aussi un esprit vivant,
semblable à vous, les mâles.
Car toute femme qui se fera mâle
entrera dans le Royaume des Cieux.
Bonjour Nout,
RépondreSupprimerLe tisseur de rêves, comme vous l’appelez, ne chôme pas chez vous !!
La science « naturelle » dont il est question est sans doute celle qui nous est naturellement dispensée par le maître ou la maîtresse de sagesse intérieure, en particulier sous formes de rêves. Elle semble enseigner ici que l’élève-alchimiste doit rester dans un esprit d’enfance (l’enfant doit accompagner l’élève) et que ce n’est par la tête que l’on peut découvrir l’essentiel mais par l’opposé, par le ventre, par « l’instinct de l’instinct » (par le fondement de l’animal) et par le vide plutôt que par le plein (plein de connaissances, symboliques ou autres, de savoirs livresques, etc.)
L’étape nécessaire semble d’être d’apprendre à vider pour pouvoir accueillir ce qui se présente plutôt qu’à remplir par soi-même et à encombrer l’espace d’accueil.
Comme les précédents rêves ont fait lever beaucoup de choses, beaucoup de réflexions et d’amplifications, plus ou moins justifiées peut-être, il n’est pas étonnant de voir apparaître un rêve comme celui-ci pour faire un peu tomber la pression...
Je pense aussi à l’enseignement du Yi King :
15. K'ien / L'Humilité http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&no=15&lang=fr&m=NOzh
L'HUMILITÉ crée le succès.
L'homme noble mène à bonne fin.
La loi du ciel vide ce qui est plein et comble ce qui est humble. Quand le soleil est au plus haut, il doit, de par la loi céleste, aller vers son déclin, et quand il est au plus profond, sous terre, il se dirige vers un nouveau lever. Suivant la même loi, la lune se met à décroître quand elle est pleine et, quand elle est vide de lumière, elle recommence à croître. Cette loi céleste opère également dans les destinées humaines. La loi de la terre est de changer ce qui est plein et d'affluer vers ce qui est humble. Les hautes montagnes sont usées par les eaux, et les vallées, comblées. La loi des puissances du destin est d'entamer ce qui est plein et de dispenser le bonheur à l'humble. Les hommes aussi haïssent ce qui est plein et aiment l'humilité. Les destinées suivent des lois fixes qui agissent de façon nécessaire. Cependant, il est au pouvoir de l'homme de façonner son destin selon qu'il s'expose par sa conduite à l'influence des forces de bénédiction ou de destruction. Quand un homme occupe une place élevée et qu'il se montre humble, il brille dans la lumière de la sagesse. Quand il est abaissé et qu'il se montre humble, il ne peut pas être laissé de côté. Ainsi l'homme noble parvient à mener son œuvre à bonne fin sans se glorifier de ce qui a été accompli.
Amezeg
Bonsoir Amezeg,
RépondreSupprimermerci pour cette leçon d'humilité. Il est possible que j'accorde peu de place à ce vide en effet. Mais hélas, ce ne sont ni mes connaissances, ni mes lectures qui me remplissent actuellement.
Des évènements importants dans ma vie, sur le fil du rasoir, exigent la presque totalité de mon attention.
Peu de place à consacrer à mes rêves, rêveries, symboles et autres mythes.
Juste quelques minutes volées dans ma journée. Un moment rare où je peux laisser libre court à moi-même sans entraves.
J'ai pêché par enthousiasme et manqué de mesure.
Et j'en suis désolée.
J'en suis désolée.
Ne soyez pas désolée de votre enthousiasme, il est naturel, assez inévitable et sans doute nécessaire. Les rêves sont là pour nous aider à trouver la bonne mesure et la bonne distance. Ils ne diraient peut-être rien si vous n'étiez pas capable d'entendre ce qu'ils disent.
RépondreSupprimerBon courage pour faire face à tous ces évènements importants qui vous échoient !
et à bientôt peut-être
Amezeg
Ma chère Nout,
RépondreSupprimerje ne pense pas qu'Amezeg t'ai implicitement reproché un manque d'humilité. Alors ne sois pas désolée ...
Ce que tu cites au sujet de l’œuvre mâle me renvoie à mon rêve (encore !), et à ce passage de Mélusine et l’Éternel Féminin d'Audrey Fella, où elle reprend une analyse amorcée par Annick de Souzenelle. C'est un ouvrage que j'affectionne tout particulièrement. Et je sais ce que Mélusine représente pour toi ...
"La force véritable est celle de l'être qui, se reconnaissant inaccompli, est capable de prendre le chemin de l'accomplissement au terme duquel il acquerra, avec la Connaissance, une énergie insoupçonnée. Le chemin sur lequel il s'engage conduit à la matrice du feu. En elle, la mort et la renaissance sont jumelles, et la force partage le berceau de l'intelligence et de la rigueur. La force féminine acquise sur le chemin des profondeurs devient puissance mâle de pénétration amoureuse pour aller toujours plus loin en soi. Épée ainsi forgée dans la matrice du feu est celle du juste combat. (...) Le Christ l'affirme Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’Épée. Celui qui la saisit, homme ou femme, participe à la puissance mâle et divine, et accompli le Créé. Alors, dans ses retrouvailles avec lui-même et avec le Divin, l'être entre dans un double processus créateur : celui de son être intérieur et celui de son expression au-dehors."
Cette Épée, c'est aussi celle de l'arcane de la Justice (dans ton référentiel) ...
Juste une question pour finir : pourquoi dis-tu que la Renaissance est en fait une mort ?
Je t'embrasse, et courage pour cette période délicate. (Je réponds à ton mail très bientôt, semaine chargée moi aussi !).
Bonsoir Amezeg,
RépondreSupprimerje vous remercie pour chaque mot que vous avez écrit sur ce blog car ils ont permis une re-découverte de quelque chose en moi d'essentiel et d'oublié. Je ne vous prends pas comme un inconnue qui parle à une inconnue, mais comme dans les rêves nocturnes, à une part de moi. Car finalement, la réalité est un rêve. Une attente sas fin si ce Vide que vous évoquiez ne survient pas.
Tout cela (rêves, réalité, mythe et tout cet attirail dont je sens bien qu'ils ne sont que des outils que j'active) enseignent quoi?
Peut-être que le rêve est sans fin. Qu'à un moment donné, il n'y a plus rien pour nous porter et qu'il faut marcher seul.
Sans rêves. Voyez à cette heure je ne dors pas.Nul rêve pour m'éclairer. Seulement la pâle lueur d'une conscience.
Seule. Même l'ami le plus intime à un moment doit se retirer et fermer la porte derrière lui.
C'est ainsi. Alors seulement, peut survenir ce qui est vide, ce qui est "moi".
Merci pour vos encouragements. L'épreuve n'est-elle pas le meilleur enseignant qui soit...
Chère et douce Tempérance,
RépondreSupprimerMerci pour ton soutien et prends tout le temps nécessaire pour ta réponse.
De cet extrait que tu cites je retiendrais ceci:
Le chemin sur lequel il s'engage conduit à la matrice du feu.
Cela me renvoie au rêve de l'autre nuit (oui je sais...encore mais cela ne dépend pas de moi et ce que tu me dis m'oblige à le citer):
[je suis dans la cuisine de mon frère (qui était celle de mes grands-parents) et je regarde le brûleur de la gazinière.
Le gaz est ouvert et il s'échappe. j'entends le souffle imperceptible.
Je sais que la moindre étincelle, le plus petit éclat risque de tout enflammer, de tout brûler.
Je voudrais éteindre et tourner le bouton de la cuisinière mais je n'arrive à faire aucun mouvement. Je regarde à la fois impuissante et persuadée que cela va sauter.
Il y a une étincelle. Mon coeur bat à toute allure. Je sais que je vais être bientôt brûlée vive. Que je vais sans doute mourir.
Je flotte vers la fenêtre qui est entrouverte mais je ne sors pas ni ne l'ouvre. Je vais vers la porte de la cuisine entrouverte aussi mais je ne fais rien de plus.
Je me glisse sous la table attendant avec résignation.
Je me réveille avec une impression d'étouffement.]
Cette justice dont tu parles doit faire allusion à une certaine intransigeance en moi qui peut soit me diviser soit me permettre de faire le vide. Cela me parle.
Quant à la Renaissance nous en reparlerons si tu le veux bien.
Je t'embrasse aussi, de tout coeur.