jeudi 27 octobre 2011

L'accueil




Accueillir est un art.

Le véritable signe pour reconnaître la sagesse d'une personne, le signe qui ne trompe pas, au-delà de tous les dogmes, concepts ou arguments, c'est l'ouverture du coeur. Cette capacité à accueillir l'autre, à offrir ce que l'on a de plus précieux, le soin mis dans les gestes, le sourire, le regard. Peu importe le degré de connaissance. La plus humble des personnes peut être aussi la plus éveillée simplement par la capacité d'accueil dont elle fait preuve. Simplement par sa générosité.

Nous accueillons avec, à la fois, ce que nous sommes et ce que nous avons à partager.
L'hospitalité que l'on rencontre encore dans certains pays dits "pauvres", a depuis longtemps disparu chez nous. 

En arabe, l'expression très ancienne utilisée pour souhaiter la bienvenue à quelqu'un se dit: "Ahlan wa Sahlan" ("famille et terre"). Expression issue de la tradition bédouine qui invite l'hôte de passage à disposer de chez soi comme si il était chez lui, dans sa propre famille et sur ses terres. L'étranger de passage doit être accueilli avec soin (dans le désert, il s'agit d'une question de survie...); on se doit de partager avec lui ce que l'on possède, le peu que l'on possède. On partage le même plat car, symboliquement, le fait même de répondre aux besoins naturels de la vie ensemble, met tous les hommes au même niveau. 


Lors de voyages, j'ai eu l'occasion d'être accueilli dans des maisons d'une extrême simplicité, dépourvues de tout le confort dont nous jouissons dans nos pays dits civilisés. J'y ai trouvé un enseignement très simple, à la portée de tous. L'hospitalité est un devoir sacré. J'y ai trouvé aussi la joie simple de partager avec l'autre, de rire, de chanter, de danser. Des choses qui ne coûtent rien et que tout le monde peut faire d'où qu'il vienne...  
Il suffit d'un peu d'eau, d'une poignée de thé vert et de menthe, d'un sourire, même quand on ne parle pas le même langue, pour entamer la discussion...les parfum de la menthe et du pain cuit par les femmes assises à même le sol de la cuisine, quelques fruits fraîchement lavés...accueillir est simple. 

Faire le thé dans certains pays arabe, en particulier chez les gens du désert, est une cérémonie aussi importante que celle pratiquée au Japon ou en Chine. Il faut procéder de façon précise, afin que le thé, resservi plusieurs fois, passe par des saveurs différentes et progressives (du plus amer au plus subtil)...

Dans la cérémonie du thé, appelée au japon Chanoyu (littéralement "eau chaude pour le thé"), se pratique dans un lieu dépouillé, avec des ustensiles très simples, voire imparfaits (ce qui ajoute à leur valeur), anoblis par l'usage:

"La cérémonie du thé fut développée comme une « pratique de la transformation » et commença à évoluer avec sa propre esthétique. C'est le cas, tout spécialement, du wabi. Wabi (侘び, signifie raffinement sobre et calme) est caractérisé par l'humilité, la contrainte, la simplicité, le naturalisme, la profondeur, l'imperfection et l'asymétrie qui met en valeur la simplicité à travers des objets non-ornés, des espaces architecturaux et la célébration de la beauté que le temps et l'attention donnent aux matériaux. "(wikipedia)

On peut avoir très peu avoir à offrir, on possède toujours cette présence humaine essentielle: écouter les nouvelles de l'autre, ses malheurs ou ses joies, partager la vie dans ce qu'elle a de plus simple et de plus mystérieux. Beaucoup de choses peuvent se passer autour d'une simple tasse de thé...les silences y ont aussi leur place.

Accueillir est un art qui s'apprend. Tout comme accueillir l'instant, la vie telle qu'elle vient. Parfois les évènements s'invitent et nous n'avons pas d'autre choix que de leur ouvrir la porte. Mais comment pouvons nous les accueillir?
Ce qui semble un malheur parfois amène de bonnes choses. Et ce qui semble heureux est parfois un malheur déguisé...Mais chaque évènement est porteur d'enseignement, une voie qui mène à soi pour celui qui en perçoit le sens. 

Alors, pourquoi ne pas être un hôte accueillant?

Pourquoi ne pas faire preuve d'hospitalité en laissant les choses prendre leur place, offrir le boire et le manger, et laisser le passant satisfait reprendre dignement sa route?


Ahlan wa sahlan

3 commentaires:

  1. C'est ce que j'ai découvert moi-aussi, il "suffit" d'accueillir ce qui arrive, c'est quand nous résistons que la souffrance arrive. C'est à cela que nous devons travailler. Bises. brigitte

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  2. Quelle joie de se sentir ainsi... Accueilli !
    Mon coeur aime cette maison et sa Présence, si douce & au parfum d'authentique ouverture...
    Merci pour Tout !!

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  3. @Plumes d'Anges:
    Être assez souple pour plier...sans se briser. Un geste qu'il nous faut vivre d'abord pour l'apprendre. Bises

    @Frank: cher âmi merci à toi pour ces quelques mots...
    merci pour Toi! :)

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